L’État québécois plus obèse que jamais
Depuis 4 ans, les effectifs du gouvernement québécois ont augmenté de 12 % malgré les promesses de réduction
La taille de l’État ne cesse de gonfler. En quatre ans, le nombre de fonctionnaires a augmenté de près de 12 %.
La tendance à la hausse de l’effectif de la fonction publique se confirme, malgré la promesse de François Legault de donner un coup de balai dans la machine. Le Québec comptait 55 243 fonctionnaires en mars 2020, c’est-à-dire 5872 de plus qu’en 2016, selon la plus récente mise à jour du Conseil du trésor.
Ces données excluent les travailleurs occasionnels, les étudiants et les stagiaires, de même que les réseaux de la santé et de l’éducation. Notons également que ces chiffres reflètent la situation de l’effectif public avant la pandémie.
L’arrivée de la CAQ au pouvoir n’a pas fait fléchir la courbe. Seulement entre 2019 et 2020, le nombre de fonctionnaires dans les ministères et organismes a bondi de 3,1 %.
« Cette augmentation découle principalement des nouvelles initiatives annoncées par le gouvernement visant notamment à augmenter les services directs à la population, telle que la mise en oeuvre de la stratégie d’action visant à réduire les délais de justice en matière criminelle et pénale, la mise en oeuvre de la stratégie en matière d’immigration, un soutien renforcé en matière de droits des enfants et de la protection de la jeunesse », plaide Marie-Ève Fillion, porte-parole du ministère.
« ON AUGMENTE LA BUREAUCRATIE »
Mais le président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, Christian Daigle, n’a pas la même lecture de la situation.
Celui qui représente les techniciens, les employés de bureau et les ouvriers qui travaillent pour l’État signale que la majorité du recrutement a été faite dans des corps d’emplois qui ne donnent pas de services à la population.
Il estime que les données mesurées en « équivalents temps complet (ETC) » sont parlantes. Si la hausse de l’effectif régulier est passée de 47 133 à 51 376 ETC en quatre ans, on note une baisse du nombre de techniciens, de personnel de bureau et d’ouvriers dans la dernière année.
« M. Legault disait “on va couper dans la bureaucratie pour donner plus de services à la population”. On n’est pas là du tout, c’est le contraire, on augmente la bureaucratie avec [plus de postes dans] la haute direction, avec des postes en hiérarchie, et on diminue mes effectifs à moi qui donnent des services à la population », déplore Christian Daigle.
4900 GAGNENT AU MOINS 100 000 $
D’ailleurs, les employés de l’État, dont la rémunération annuelle a franchi la barre symbolique de 100 000 $, sont toujours plus nombreux. Près de 4900 fonctionnaires touchent désormais un salaire dans les six chiffres.
En campagne électorale, François Legault s’était engagé à réduire la taille de l’État de 5000 postes par attrition. Cet objectif se calcule toutefois sur l’ensemble de la fonction publique et parapublique, incluant les réseaux de la santé et l’éducation (500 000 employés).
Une promesse que n’a pas reniée la CAQ. « Le gouvernement poursuit la mise en oeuvre de la mesure d’optimisation visant une réduction 1 %, soit 5000 employés sur une période de quatre ans », assure-t-on au Conseil du trésor.