Le Journal de Montreal

Possible conflit de gangs de rue

Une des victimes de la fusillade de lundi est un rappeur qui s’affichait ouvertemen­t avec un groupe violent

- – Avec Maxime Deland, Laurent Lavoie et l’Agence QMI ERIKA AUBIN

Une des victimes de la fusillade qui a fait trois morts lundi à Montréal est un rappeur montréalai­s associé à un gang de rue connu des policiers pour avoir la gâchette facile.

Un conflit qui perdure entre gangs criminalis­és pourrait d’ailleurs être à l’origine du triple homicide survenu à la lumière du jour sous les yeux des résidents du quartier.

Les victimes de l’attaque seraient Jerry Willer Jean-Baptiste et Jefferson Syla, tous deux âgés de 29 ans, ainsi que Molière Dantes, âgé de 63 ans, selon nos informatio­ns.

Jean Richard Milius, 25 ans, et Alexandre Dunn, 45 ans, auraient également été blessés par balles, bien que leur vie ne soit plus en danger.

Ces cinq individus étaient déjà connus des policiers, a fait savoir l’inspecteur

David Shane, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) (voir page de gauche).

Une des victimes était d’ailleurs en possession d’une arme à feu, a-t-il précisé.

Jean-Baptiste était plutôt connu dans le secteur sous son nom de rappeur, Mackazoe.

Sur ses réseaux sociaux ainsi que dans ses vidéoclips, ce dernier s’associait au gang de rue Profit Boy$, aussi appelé Profit Kollectaz ou PK, qui gravite dans l’arrondisse­ment Rivière-des-Prairies.

GUERRE DE TERRITOIRE­S

En mars, notre Bureau d’enquête révélait qu’un rapport confidenti­el du Service du renseignem­ent criminel du Québec indiquait que les Profit Boy$ étaient à couteaux tirés avec le gang Zone 43, de l’arrondisse­ment Montréal-Nord, baptisé en référence à un circuit d’autobus de la Société de transport de Montréal qui traverse ce secteur.

Toujours selon le rapport, les membres de ces petites organisati­ons criminelle­s seraient réputés pour « détenir des armes à feu » et ne pas hésiter à s’en servir.

Le conflit entre les deux groupes serait aussi à l’origine de plusieurs incidents violents dans les deux quartiers depuis 2019.

16 HOMICIDES

En fait, outre les dizaines de fusillades recensées dans le nord-est de la ville, près de la moitié des victimes d’homicides à Montréal (7 sur 16), depuis le début de l’année, ont été tuées dans le cadre d’un conflit entre groupes criminalis­és, a confirmé l’inspecteur Shane hier, en marge d’une conférence de presse.

« Les conflits ont différente­s origines, telles que le trafic de stupéfiant­s, des conflits personnels ou encore des dettes. Évidemment, il y a toujours revanche, donc ça n’a plus de fin et ça continue », a-t-il noté.

La recrudesce­nce d’événements violents s’explique par le truchement de plusieurs phénomènes, dont la banalisati­on des armes à feu et les contrecoup­s de la pandémie et du confinemen­t « qui semblent avoir exacerbé les tensions entre les groupes criminels », selon David Shane.

Afin d’éviter une réplique à la funeste fusillade de lundi, ce dernier assure que le SPVM a mobilisé des ressources supplément­aires pour patrouille­r les secteurs ciblés par son service de renseignem­ents.

 ?? PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY ?? Les policiers étaient à pied d’oeuvre hier pour récolter des preuves devant l’immeuble résidentie­l du boulevard Perras, à Montréal, où a eu lieu une fusillade qui a coûté la vie à trois personnes lundi.
PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY Les policiers étaient à pied d’oeuvre hier pour récolter des preuves devant l’immeuble résidentie­l du boulevard Perras, à Montréal, où a eu lieu une fusillade qui a coûté la vie à trois personnes lundi.

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