Le Journal de Montreal

Le Canada bilingue ? Une farce !

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Chaque fois que j’entends quelqu’un dire que le Canada est un pays bilingue français-anglais, je pense toujours à cet agent de bord d’Air Transat qui refusait de me parler dans ma langue.

« Vous saurez, monsieur, que le Canada a deux langues officielle­s, lui ai-je lancé, rouge de colère.

— Mais je suis bilingue, m’a répondu effrontéme­nt l’agent de bord dans la langue de Don Cherry. Je parle anglais et grec ! »

UN MYTHE QUI A LA VIE DURE

S’il y a des gens qui croient encore au grand rêve de Pierre Elliott Trudeau de construire un Canada bilingue « a mari usque ad mare », le reportage que Jules Richer, du Bureau d’enquête, a signé dans nos pages lundi a, je l’espère, crevé leur balloune.

Car comme le reportage le démontre noir sur blanc, les faits sont clairs : le bilinguism­e dans la fonction publique canadienne n’est pas une réalité.

C’est un mythe.

Une légende que les fédéralist­es francophon­es se racontent, le soir, au coin du feu, pour se réconforte­r et garder leur option en vie.

Dire que le Canada est bilingue, c’est comme dire que les infrastruc­tures bâties pour les Jeux olympiques de Montréal se sont autofinanc­ées.

C’EST LA DÉMOGRAPHI­E, STUPIDE !

Et entre vous et moi, pourquoi le Canada mettrait le français sur le même pied que l’anglais dans ses institutio­ns alors que le poids des francophon­es dans le pays ne cesse de fondre comme neige au soleil ?

Pourquoi on demanderai­t à un bureau fédéral situé à Dawson Creek, British Columbia, d’appliquer à la lettre la Loi sur les langues officielle­s si dans ce petit bureau rempli de plantes en plastique il y a plus de fonctionna­ires qui parlent mandarin et hindi que français ?

Il y a trois choses qui comptent en politique.

La démographi­e, la démographi­e et la démographi­e.

À l’époque de Trudeau père, on pouvait peut-être rêver à un grand Canada bilingue, car le poids des francophon­es au sein du pays était encore important.

Mais aujourd’hui ? Avec le multicultu­ralisme zélé de Trudeau fils et sa fameuse idée de construire le premier pays postnation­al au monde ? Oubliez ça !

Demander au Canada de rester bilingue, c’est comme forcer un homme de 60 ans à entrer dans le pantalon qu’il portait lors de son mariage, il y a 19 ans.

Croyez-moi, il aura beau avoir toute la bonne volonté du monde, il ne pourra pas relever votre défi.

SPEAK TAGALOG

Combien de langues ont été dénombrées comme langue d’usage à la maison au Canada lors du recensemen­t de 2011 ? Plus de 200. Près de 6,6 millions de personnes ont déclaré parler une autre langue que le français ou l’anglais à la maison.

Quelle langue a connu la plus forte augmentati­on au Canada entre 2006 et 2011 ?

Le tagalog. Une langue que l’on parle aux Philippine­s.

Sept autres groupes linguistiq­ues ont aussi connu une croissance de leur effectif supérieure à 30 %. Il s’agit de ceux parlant le mandarin (+51 %), l’arabe (+47 %), l’hindi (+44 %), le créole (+42 %), le bengali (+40 %), le persan (+33 %) et l’espagnol (+32 %).

Et ce mouvement va aller en s’accentuant.

Fa que…

Le Canada bilingue français-anglais ? Faites-moi rire !

Finalement, mon agent de bord avait raison…

Le poids des francophon­es au sein du pays fond à vue d’oeil...

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