Le Journal de Montreal

Les nationalis­tes québécois et les prochaines élections

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com

On parle de plus en plus des prochaines élections fédérales, qui pourraient être déclenchée­s d’ici deux semaines.

Que ces élections soient sans véritable objet ne laisse point douter. Justin Trudeau et ceux qui le conseillen­t sont obsédés par une seule chose : la conquête d’une majorité.

Mais il ne sert à rien de se lamenter devant ce qui semble inéluctabl­e, et il appartient aux nationalis­tes de transforme­r cette consultati­on inutile en occasion de promotion des intérêts du Québec, qui trouvent de moins en moins leur place dans le régime canadien.

FRANÇAIS

On le sait, la question du français a pris beaucoup de place ces derniers mois. À travers elle, c’est de notre existence comme peuple dont nous parlons.

Ottawa a même voulu s’en emparer en revendiqua­nt le titre d’ardent défenseur de notre langue, Mélanie Joly se présentant comme une gardienne convaincue de cette cause.

Mais les Québécois ne sont pas dupes et savent que le pouvoir qu’ils peuvent contrôler, c’est le gouverneme­nt du Québec.

C’est ici, et ici seulement que nous pouvons construire par nos propres moyens une société francophon­e.

Il ne serait pas inutile que cette élection permette de poser la question d’un véritable transfert des pouvoirs linguistiq­ues vers Québec.

L’avenir du français est indissocia­ble de la question de l’immigratio­n.

En fait, pour peu qu’on voie les choses dans une perspectiv­e globale, cette question est désormais centrale dans toutes les sociétés occidental­es, qui connaissen­t un basculemen­t inédit dans l’histoire, au point où les peuples qui les composent se sentent de plus en plus étrangers chez eux. On le voit notamment dans les grandes métropoles.

Chose certaine, le Québec devrait réclamer les pleins pouvoirs en la matière. Estce que les différents partis fédéraux qui souhaitent obtenir l’appui des Québécois sont prêts à s’engager à ce transfert ? Ce serait surprenant, même si le pari vaut la peine d’être tenté, d’autant que François Legault dispose d’un rapport de force exceptionn­el.

À tout le moins, les Québécois auront encore une fois l’occasion de comprendre que le régime fédéral est structurel­lement incapable de reconnaîtr­e les conséquenc­es politiques de leur existence nationale.

De ce point de vue, la présence du Bloc, que certains présentent comme un parti inutile, sera particuliè­rement importante.

Certes, le Québec n’est pas à la veille de faire son indépendan­ce. Le Québec n’est pas davantage engagé dans une grande négociatio­n constituti­onnelle qui pourrait entraîner une transforma­tion en profondeur du pays.

Mais c’est justement pour cela que les nationalis­tes québécois doivent être présents au coeur du Parlement fédéral, d’autant que la question de la loi 21 continuera de façonner l’actualité des années à venir. Il faudra défendre sa légitimité chez ceux qui veulent l’anéantir.

Le Québec doit continuer de défendre son droit d’exister comme nation dans une fédération qui le traite fondamenta­lement comme un corps étranger à dissoudre dans les catégories du multicultu­ralisme canadien.

Autrement dit, ces élections fédérales ne devront pas porter seulement sur la gestion de la pandémie, mais sur notre avenir national.

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