Fusillades : le politique doit intervenir
La sécurité, c’est un enjeu qu’on préfère ne pas voir être politisé, au Québec. Malheureusement, c’est souvent quand le politique s’en mêle que ça se règle.
On le voit depuis plusieurs semaines, à Montréal, l’insécurité progresse, alors que des résidents de quartiers tranquilles sont témoins de fusillades aux allures de menaces ou de règlements de comptes, dans leurs rues et jusque dans leurs immeubles.
Ça va prendre quoi pour avoir la paix ? C’est ce que se demandent ces gens qui n’ont certainement pas les outils pour mettre hors d’état de nuire ces bandits qui semblent croire qu’ils jouent à Grand Theft Auto en prise de vue réelle. C’est inacceptable que dans une ville civilisée d’un pays développé, des parents doivent crier à leurs enfants de se coucher au sol pour éviter une balle perdue.
On ne veut pas que Montréal finisse par ressembler à certains quartiers de Chicago ou de la grande banlieue de Toronto. La violence par armes à feu est un fléau difficile à endiguer dès lors que chaque petit malfrat peut se promener en exhibant son « morceau » trouvé sur le marché noir.
C’EST ASSEZ
Généralement, il ne faut pas se le cacher, le public est porté à tolérer les règlements de comptes entre criminels, comme si c’était une forme autoadministrée d’hygiène sécuritaire. Toutefois, quand c’est la sécurité des civils qui est menacée, la population devient plus critique. Au milieu des années 1990, le jeune Daniel Desrochers, 11 ans, était devenu la victime innocente de la guerre entre les motards criminels, soulevant l’indignation générale. C’est peu de temps après qu’un ministre de la Sécurité publique, Serge Ménard, a dit : « C’est assez, il faut s’en occuper. »
On a forcé les corps policiers, habituellement peu enclins, à travailler ensemble et on leur a promis que les ressources ne manqueraient pas. L’Escouade Carcajou était créée, joignant les efforts du SPCUM, de la SQ et de la GRC, culminant dans l’Opération Printemps 2001, coup de filet encore jamais égalé, qui porte encore à conséquence aujourd’hui.
UNE AFFAIRE PERSONNELLE
On ne veut pas revenir à l’époque de la guerre des motards, lorsque des gardiens de prison furent exécutés, des juges et des avocats menacés et qu’un journaliste, notre regretté collègue Michel Auger, fut victime d’un attentat. La vague de violence par armes à feu a déjà fait une victime civile à Saint-Léonard, la jeune Meriem Bendaoui. Il y en aura d’autres, les Montréalais le savent.
Dans un tel contexte, il faut saluer le message fort envoyé par le SPVM hier, et, à plus forte raison, sa volonté énoncée de travailler avec la SQ. Mais il faut aller plus loin.
La GRC doit être mise dans le coup, car le trafic d’armes est un fléau qui traverse les frontières. Les politiciens, la mairesse de Montréal et la ministre de la Sécurité publique au premier chef, doivent en faire une affaire personnelle et garantir que toutes les ressources nécessaires seront disponibles. Quant au gouvernement fédéral, un durcissement des lois pour la possession illégale d’une arme est attendu.
Il y a des élections municipales et fédérales qui s’en viennent. Les différents candidats ne peuvent se présenter devant les électeurs de la grande région de Montréal sans leur promettre des solutions pour retrouver la quiétude de leurs rues.