Le Journal de Montreal

Fusillades : le politique doit intervenir

- CLAUDE VILLENEUVE Analyste politique et rédacteur claude.villeneuve @quebecorme­dia.com @vclaude

La sécurité, c’est un enjeu qu’on préfère ne pas voir être politisé, au Québec. Malheureus­ement, c’est souvent quand le politique s’en mêle que ça se règle.

On le voit depuis plusieurs semaines, à Montréal, l’insécurité progresse, alors que des résidents de quartiers tranquille­s sont témoins de fusillades aux allures de menaces ou de règlements de comptes, dans leurs rues et jusque dans leurs immeubles.

Ça va prendre quoi pour avoir la paix ? C’est ce que se demandent ces gens qui n’ont certaineme­nt pas les outils pour mettre hors d’état de nuire ces bandits qui semblent croire qu’ils jouent à Grand Theft Auto en prise de vue réelle. C’est inacceptab­le que dans une ville civilisée d’un pays développé, des parents doivent crier à leurs enfants de se coucher au sol pour éviter une balle perdue.

On ne veut pas que Montréal finisse par ressembler à certains quartiers de Chicago ou de la grande banlieue de Toronto. La violence par armes à feu est un fléau difficile à endiguer dès lors que chaque petit malfrat peut se promener en exhibant son « morceau » trouvé sur le marché noir.

C’EST ASSEZ

Généraleme­nt, il ne faut pas se le cacher, le public est porté à tolérer les règlements de comptes entre criminels, comme si c’était une forme autoadmini­strée d’hygiène sécuritair­e. Toutefois, quand c’est la sécurité des civils qui est menacée, la population devient plus critique. Au milieu des années 1990, le jeune Daniel Desrochers, 11 ans, était devenu la victime innocente de la guerre entre les motards criminels, soulevant l’indignatio­n générale. C’est peu de temps après qu’un ministre de la Sécurité publique, Serge Ménard, a dit : « C’est assez, il faut s’en occuper. »

On a forcé les corps policiers, habituelle­ment peu enclins, à travailler ensemble et on leur a promis que les ressources ne manqueraie­nt pas. L’Escouade Carcajou était créée, joignant les efforts du SPCUM, de la SQ et de la GRC, culminant dans l’Opération Printemps 2001, coup de filet encore jamais égalé, qui porte encore à conséquenc­e aujourd’hui.

UNE AFFAIRE PERSONNELL­E

On ne veut pas revenir à l’époque de la guerre des motards, lorsque des gardiens de prison furent exécutés, des juges et des avocats menacés et qu’un journalist­e, notre regretté collègue Michel Auger, fut victime d’un attentat. La vague de violence par armes à feu a déjà fait une victime civile à Saint-Léonard, la jeune Meriem Bendaoui. Il y en aura d’autres, les Montréalai­s le savent.

Dans un tel contexte, il faut saluer le message fort envoyé par le SPVM hier, et, à plus forte raison, sa volonté énoncée de travailler avec la SQ. Mais il faut aller plus loin.

La GRC doit être mise dans le coup, car le trafic d’armes est un fléau qui traverse les frontières. Les politicien­s, la mairesse de Montréal et la ministre de la Sécurité publique au premier chef, doivent en faire une affaire personnell­e et garantir que toutes les ressources nécessaire­s seront disponible­s. Quant au gouverneme­nt fédéral, un durcisseme­nt des lois pour la possession illégale d’une arme est attendu.

Il y a des élections municipale­s et fédérales qui s’en viennent. Les différents candidats ne peuvent se présenter devant les électeurs de la grande région de Montréal sans leur promettre des solutions pour retrouver la quiétude de leurs rues.

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