Le Journal de Montreal

Les affres de la violence conjugale

- LOUISE DESCHÂTELE­T louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.co

Permettez-moi de revenir sur les propos de celle qui signait « Une qui vit d’espoir », car son parcours de vie ressemble beaucoup au mien. J’ai 66 ans et je ne me suis sortie de mon bourbier qu’avec beaucoup d’aide, onze ans de thérapie et plusieurs tentatives de suicide.

J’avais dans la trentaine quand j’ai pris la décision de partager ma vie avec un bon ami que je connaissai­s depuis des années. Il était divorcé depuis longtemps d’avec la mère de ses enfants, déjà adultes, et disait m’aimer. Notre première année ensemble s’est très bien passée. J’étais heureuse et satisfaite de mon sort, même si pour être avec lui je m’étais éloignée de ma famille, de mes amies et de tous mes autres contacts sociaux.

J’acceptais cet isolement parce que j’aimais cet homme et que je voulais me consacrer à lui. Dieu que j’ai payé cher pour cela. Ne vivant exclusivem­ent que pour et en fonction de lui, je ne me reconnaiss­ais plus tellement j’avais changé au fil des mois et des ans.

Il ne me battait pas, mais il m’insultait à qui mieux mieux. Pour lui j’étais une salope, une bonne à rien, etc. J’aurais pu partir si je l’avais voulu, mais j’avais si peur de la solitude qui s’ensuivrait que je suis demeurée avec lui treize longues années. À son décès, j’ai perdu mon loyer, toutes mes affaires et ma raison de vivre, car ses enfants sont venus liquider le tout pendant que j’étais à l’hôpital à me morfondre du décès de leur père. Je n’étais plus rien sans lui.

Je vous en prie, Louise, dites à cette femme que c’est ce qui se prépare pour elle si elle continue à vivre avec son minable de conjoint dont le fils ne vaut guère mieux que les enfants de mon conjoint décédé. Je sais que c’est très difficile d’agir intelligem­ment quand on est sous l’emprise d’un pareil homme, mais la fuite est la seule issue.

Aujourd’hui, je vis seule, simplement, mais dans une grande paix intérieure. Je sais désormais qui je suis et ce que je vaux. Pour vivre ainsi, il faut se libérer de la colère et de la haine qu’on nourrit envers notre bourreau.

Francine L.

Espérons que contrairem­ent à vous son réveil se fera avant le décès de son bourreau, car vu son jeune âge, elle risquerait de mourir au combat avant qu’il ne lève les pattes. La confiance et la fierté d’être soi-même ne font que se déliter à force de vivre avec des hommes pareils, ce qui diminue année après année la volonté qu’elle pourrait avoir de se sortir de ce guêpier.

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