Valérie Plante fait confiance à un élu cité en déontologie
Normand Marinacci se présentera sous la bannière Projet Montréal en novembre
À trois mois des élections municipales, l’éthique s’invite dans la campagne à Montréal. La mairesse Valérie Plante mise sur Normand Marinacci, un élu visé par une enquête en déontologie, pour diriger un arrondissement.
M. Marinacci briguera de nouveau en novembre la mairie de L’Île-Bizard– Sainte-Geneviève sous la bannière de Projet Montréal, a annoncé hier le parti.
Cet élu a pourtant été cité en déontologie par la Commission municipale du Québec (CMQ) pour s’être ingéré dans un dossier de ressources humaines et avoir empêché le congédiement d’un employé.
Mais il n’est pas le seul élu montréalais dans la mire de la CMQ qui se représentera en novembre.
Le conseiller d’Outremont, Jean-Marc Corbeil, blâmé pour des conflits d’intérêts, nous a confirmé qu’il lançait son propre parti (voir texte de droite).
La mairesse de Côte-des-Neiges–NotreDame-de-Grâce, Sue Montgomery, qui a été reconnue coupable de nombreux manquements déontologiques en juin, a quant à elle fondé son parti en mars.
JUGEMENT À VENIR
Selon les procureurs de la Commission municipale, Normand Marinacci s’est interposé pour empêcher le congédiement du coordonnateur de sécurité publique de son arrondissement, Vincent Harvey.
Une enquête de ressources humaines de la Ville de Montréal venait alors de conclure que M. Harvey volait du temps et utilisait son véhicule de fonction de manière abusive.
Lors des audiences de la Commission, des témoins ont expliqué que M. Marinacci a effectué « sa propre enquête » et qu’il a convaincu les fonctionnaires de maintenir l’employé en poste.
Le tribunal n’a toujours pas rendu de jugement dans cette affaire.
Questionné sur le choix de Normand Marinacci, le parti de Valérie Plante a défendu son processus de sélection.
PROCESSUS RIGOUREUX
« Les candidates et les candidats sont nommés selon un processus d’investitures rigoureux entériné par le vote des membres », a soutenu le porte-parole de Projet Montréal, Julien Acosta.
Sans préciser si la décision de la CMQ pourrait les faire changer d’avis, M. Acosta a indiqué que le jugement serait « étudié attentivement lorsqu’il sera rendu ».
Aucun des trois autres élus sortants de Projet Montréal dans cet arrondissement ne sera candidat en novembre.
« On a signifié à Projet Montréal il y a plusieurs mois que s’ils allaient de l’avant avec Normand Marinacci, on retirerait notre candidature. Les accusations de la CMQ sont sérieuses », a affirmé le conseiller Yves Sarault au Journal.
« Il n’avait plus notre confiance », a ajouté le conseiller Christian Larocque.
Comme le révélait notre Bureau d’enquête en mars, des rapports internes de la Ville font état d’autres allégations d’ingérence à l’endroit de M. Marinacci.
Dans une deuxième enquête du service des ressources humaines sur Vincent Harvey, on lui reproche d’avoir modifié des rapports à la demande du maire Marinacci.
Un rapport interne sur un ancien directeur d’arrondissement indique aussi que le maire a « insisté » pour être présent lors d’un processus d’appel d’offres.