Le Journal de Montreal

Le tueur à gages repenti ne voulait pas tuer deux frères

Le délateur a débuté son témoignage au procès d’un couple accusé de meurtre

- VALÉRIE GONTHIER

Après avoir refusé pendant trois semaines d’exécuter les deux frères Giuseppe et Vincenzo Falduto, un tueur à gages devenu ensuite délateur pour la police a finalement accepté le contrat lorsqu’il a appris que sa tête aussi était mise à prix.

C’est ce que le jury a appris hier au procès de Marie-Josée Viau et Guy Dion, ce couple de 45 et 49 ans accusé d’avoir participé aux meurtres des frères Falduto, en juin 2016.

Le tueur à gages de la mafia, dont l’identité est protégée par un interdit de publicatio­n, a accepté de collaborer avec les policiers en 2019.

À sa première journée à la barre des témoins, il a raconté que c’est à la demande d’un certain Salvatore Scoppa qu’il a éliminé les frères.

Ce dernier aurait fourni au délateur son « menu », c’est-à-dire la liste de tous les individus qu’il souhaitait exécuter, « tous des Siciliens ».

« Entre les Calabrais et Siciliens, c’était la guerre. Tout le monde voulait se fusiller, tout le monde avait un contrat sur leur tête », a-t-il résumé hier, au Centre judiciaire Gouin, à Montréal, ajoutant que Scoppa voulait tuer tous les Siciliens.

30 000 $ PAR TÊTE

C’est ainsi que les noms des deux frères Fadulto ont figuré sur le « menu ».

Le terme du contrat était clair : 30 000 $ par tête, a expliqué le témoin. Mais le délateur refusait de les tuer.

« J’ai refusé pendant trois semaines. Je voulais les protéger, on a des amis en commun », a-t-il laissé tomber.

Mais il a changé d’avis lorsqu’il a entendu dire qu’eux-mêmes voulaient le tuer.

« J’ai dit OK pour éliminer les frères Fadulto. On les a tirés à la maison de Marie et Guy », a-t-il dit, en référence aux accusés.

C’est en compagnie d’un autre homme dont on ne peut révéler l’identité que le délateur serait passé à l’action.

Selon le plan prévu, chacun devait tuer un frère, mais l’autre individu aurait figé.

Les corps seraient ensuite restés chez Viau et Dion.

« Je voulais ramener les corps à la famille pour qu’elle ait leur deuil. Mais il était trop tard, c’était déjà disparu. J’avais demandé à Marie de ne pas tout faire fondre les bijoux », a-t-il expliqué.

Le mois dernier, le jury a d’ailleurs écouté des conversati­ons entre le délateur, Dion et Viau, où cette dernière racontait en détail comment elle avait fait disparaîtr­e les corps des frères en les brûlant, ignorant que le témoin repenti portait un dispositif d’enregistre­ment.

Hier, le tueur à gages a aussi raconté comment il a d’abord fait la connaissan­ce de Marie-Josée Viau, en 2016.

VIDER SON CHARGEUR

C’était après avoir éliminé en pleine rue un certain Rocco Sollecito, qu’il a piégé en l’attendant à un arrêt d’autobus, a-til dit. « J’ai tiré une balle pour briser la fenêtre, puis j’ai vidé le chargeur », a-t-il relaté, ajoutant que son complice, qu’on ne peut nommer, l’attendait sur une moto.

Il serait ensuite allé faire brûler les casques de moto et ses vêtements chez Marie-Josée Viau et Guy Dion, à SaintJude, en Montérégie. Si on lui avait promis 300 000 $ pour tuer Sollecito, il n’a finalement touché que 10 000 $, a-t-il noté.

Le procès se poursuit aujourd’hui.

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PHOTOS AGENCE QMI, JOËL LEMAY ET D’ARCHIVES Marie-Josée Viau et Guy Dion (en mortaise sans masque) à leur arrivée au Centre judiciaire Gouin, à Montréal hier.
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