Le privé en santé serait « un cancer »
Les conditions de travail dans le réseau dénoncées
Les partis d’opposition et les syndicats pressent le gouvernement de stopper l’hémorragie des dépenses au privé en santé, qui ont atteint presque un milliard de dollars l’an dernier, en s’attaquant aux « piètres conditions de travail » dans le réseau.
Pour le porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois, les chiffres dévoilés hier par Le Journal confirment que le recours aux agences de placement est le symptôme d’un cancer de plus en plus généralisé dans le réseau de la santé. C’est 966 M$ qui sont allés au privé pour de la main-d’oeuvre indépendante entre avril 2020 et mars
2021, plus du double de l’année précédente.
« Le cancer, ce sont ces conditions de travail très pénibles des travailleurs. Ce cancer-là, on peut dire qu’il y avait une tumeur avant la pandémie, mais la dernière année a fait en sorte qu’on en est au stade 4 », image le député de Gouin.
Son homologue du Parti québécois Joël Arseneau craint lui aussi qu’on en vienne à perdre le contrôle si le gouvernement n’agit pas rapidement. « Avec de telles sommes, le pouvoir d’attraction des agences est tel qu’il y a un risque réel pour notre système », insiste l’élu.
En octroyant ce milliard de dollars aux agences de placement, le gouvernement s’est pris le bras dans un engrenage difficile à renverser, estime Québec solidaire. « Plus les conditions sont difficiles, plus les gens quittent, plus on a recours à des agences de placement et plus les conditions empirent pour ceux qui sont restés », analyse M. Nadeau-Dubois.
CONDITIONS DÉCENTES
La FSQ-CSQ et la FSSS-CSN croient que le réseau ne peut plus traiter ses employés comme il le fait. « Les agences, ça va se régler quand le personnel va avoir des conditions décentes », tonne la présidente de la FSQ-CSQ, Claire Montour. « Ce milliard-là, si on en avait mis la moitié dans les conditions de travail, on aurait peut-être réglé le problème », ajoute son homologue de la CSN, Jeff Begley.
Tant les oppositions que les syndicats réclament la réduction des heures supplémentaires obligatoires, du déplacement de personnel et du non-respect des horaires.
Ils attendent maintenant la réponse de Québec à ce chantier qui doit être prioritaire, « pas seulement en santé, mais pour l’État québécois en entier », estime Joël Arseneau.