Le Journal de Montreal

Bombardier grande perdante du désastre de la CSeries

C’est ce qu’avance le PDG de l’entreprise, tout en plaidant pour des aides publiques

- OLIVIER BOURQUE L’action de Bombardier a clôturé à 1,60 $, hier, en hausse de 6,67 %.

Même s’il sait que les Québécois sont échaudés par la CSeries, le grand patron de Bombardier, Éric Martel, croit que les gouverneme­nts doivent à nouveau aider l’entreprise qui aura été la grande perdante dans toute cette aventure.

« Je pense qu’il y a 2000 à 2500 personnes qui travaillen­t sur ce programme-là depuis qu’on a lancé la CSeries. […] Ces gens-là payent des taxes qui s’en vont directemen­t dans les coffres de nos gouverneme­nts », a estimé M. Martel, en marge de la présentati­on des résultats du deuxième trimestre.

« Je pense que si quelqu’un se donne la peine de faire le calcul, ça excède largement la contributi­on que le gouverneme­nt avait fait », a-t-il poursuivi.

En 2016, le gouverneme­nt Couillard avait versé 1,3 milliard $ à Bombardier pour sauver le programme qui a été cédé depuis à l’avionneur Airbus. L’investisse­ment ne vaut plus que 300 millions $.

Malgré tout, il croit que c’est l’entreprise elle-même qui a davantage souffert dans cette coûteuse aventure.

« S’il y a eu quelqu’un dans toute cette histoire-là qui a perdu, c’est Bombardier, ça nous a fragilisés, ç’a été difficile », a-t-il analysé.

DES RIVAUX SOUTENUS PAR L’ÉTAT

M. Martel comprend toutefois que les contribuab­les puissent être réticents à mettre de l’argent à nouveau dans Bombardier.

« Je suis extrêmemen­t empathique, je comprends la frustratio­n des Québécois, ça avait été présenté pour être différent à l’époque », dit-il.

Cette fois-ci, il précise que Bombardier ne souhaite pas lancer un nouveau programme, mais développer un projet afin de rendre ses avions « plus verts » alors que l’industrie de l’aviation s’attend à des réductions d’émissions de 30 à 40 % lors des prochaines années.

L’entreprise est en discussion­s avec les différents paliers de gouverneme­nt pour financer son initiative qui pourrait lui permettre de rivaliser avec ses concurrent­s français et américains « qui reçoivent beaucoup de support » de l’État.

LES AVIONS D’AFFAIRES POPULAIRES

Malgré les nombreuses turbulence­s des dernières années, le ciel semble maintenant plus clément pour Bombardier.

Avec la pandémie, les grands patrons achètent davantage de jets d’affaires et Bombardier anticipe maintenant qu’elle vendra 120 avions d’ici la fin du présent exercice.

« Les gens recherchen­t un moyen de voyager tout simplement. C’est difficile avec les lignes aériennes et il y a toujours le risque sanitaire qui demeure. Avec les avions d’affaires, ça leur permet de voler dans des endroits où c’est compliqué de se rendre et ça permet de la flexibilit­é et de la sécurité », a indiqué M. Martel.

Au deuxième trimestre, Bombardier a enregistré un bénéfice de 139 millions $ US (un peu plus de 173 M$ CA), comparativ­ement à une perte de 223 millions $ US (environ 278 M$ CA) l’an passé.

« JE SUIS EXTRÊMEMEN­T EMPATHIQUE, JE COMPRENDS LA FRUSTRATIO­N DES QUÉBÉCOIS, ÇA AVAIT ÉTÉ PRÉSENTÉ POUR ÊTRE DIFFÉRENT À L’ÉPOQUE »

– Éric Martel, PDG de Bombardier

 ?? PHOTO MARTIN ALARIE ?? Le grand patron de Bombardier, Éric Martel, dans l’enceinte de l’usine Challenger de l’avionneur, à Dorval, il y a quelques semaines.
PHOTO MARTIN ALARIE Le grand patron de Bombardier, Éric Martel, dans l’enceinte de l’usine Challenger de l’avionneur, à Dorval, il y a quelques semaines.

Newspapers in French

Newspapers from Canada