Un film sombre et poétique...
La tragédie musicale Annette est parfois « désarçonnante »
Marion Cotillard et Adam Driver habitent les personnages d’Annette, un film musical, sombre et poétique signé Leos Carax.
Le scénario – écrit et chanté – du duo Sparks, formé par les frères Ron et Russell Mael, fournit à Leos Carax une trame suffisamment étrange pour que le spectateur pourtant habitué au réalisateur français y perde néanmoins un peu pied.
Chanteuse d’opéra, Ann Defrasnoux (Marion Cotillard) a bien plus de succès que son époux Henry McHenry (Adam Driver). Et la naissance de leur fille, Annette, vient amplifier leur mésentente.
Dès les premières images et les premières notes – car la quasi-totalité des 139 minutes de ce drame est chantée, de surcroît en anglais –, l’ambiance est celle d’un Carax. Sombre, la tragédie affleure. On sait d’avance que les personnages basculeront dans le pire. En explorant la désintégration de l’amour d’un couple célèbre, le cinéaste s’en prend également à la culture de la célébrité, écornant au passage le besoin de souffrance du public et des tabloïds.
Il y a des accents indéniables de Shakespeare, de Puccini. Les dialogues chantés aux paroles répétitives ajoutent à l’oppression ressentie, à l’impression d’un univers qui s’écroule lentement, mais inexorablement.
DU SUPERFLU
Entre deux douleurs, et même si on sait le couple condamné d’avance, Leos Carax montre la beauté de son amour et les images poétiques hantent longtemps.
Annette désarçonne aussi le cinéphile puisque la fillette y est représentée sous les traits d’une poupée de bois, symbolisme évident du regard posé sur elle par ses parents. Malgré ces envolées – la mort d’Ann, la naissance d’Annette, la scène d’amour d’Henry et Ann, Ann dans la limousine, seule – visuelles et musicales, le film s’enfonce parfois trop dans le superflu, le « trop » qui sort le spectateur de son hypnose.
Annette
Un film de Leos Carax
Avec Marion Cotillard et Adam Driver