Les propriétaires dans un étau ?
Après la tentative infructueuse de Marc Bergevin, il y a deux ans, alors qu’il avait tenté d’amener à Montréal le centre Sebastien Aho des Hurricanes de la Caroline, fautil croire que le marché des joueurs « partiellement » autonomes sert uniquement la cause des propriétaires qui, par ce moyen, évitent toute accusation de « collusion ».
Bergevin a secoué la confrérie des directeurs généraux dans le dossier Aho.
Le marché des joueurs « partiellement » autonomes n’offre guère d’options aux patineurs. Les directeurs généraux chantent le même refrain s’il y a une menace de la part d’un homologue qui veut jouer au trouble-fête : « Nous allons égaler l’offre hostile faite à notre joueur. » Point à la ligne.
Ce qu’ont fait les Hurricanes dans le dossier Aho.
Cette saison, la liste des joueurs « partiellement » autonomes est intéressante. Je vous donne quelques noms : Elias Pettersson, Quinn Hughes, Karill Kaprisov, Brady Tkachuk, Andrei Svechnikov et Rasmus Dahlin. Une brochette impressionnante, n’est-ce pas ? Quelques-uns ont droit à l’arbitrage, les autres n’ont d’autres alternatives que de faire parler les statistiques et de vendre l’impact qu’ils exercent au sein de leur formation. Ils misent également sur la parité. Les Canucks tenteront de s’associer à Quinn Hughes et à Elias Pettersson pour plusieurs saisons. Va-t-on proposer un contrat de plusieurs années à Kotkaniemi ? Svechnikov est un joueur d’impact pour les Hurricanes et Brady Tkachuk est un incontournable à Ottawa.
Les agents vont accepter des ententes de plusieurs saisons si leur client recherche la sécurité et qu’il ne veut pas quitter son équipe comme ce fut le cas pour Darnell Nurse.
Cependant, ils vont prôner des contrats conduisant leurs jeunes clients jusqu’à l’autonomie complète à l’âge de 27 ans ou encore plus tôt dans le cas des patineurs ayant amorcé leur carrière à 18 ou 19 ans.
Quand un joueur comme Pettersson insiste sur le fait qu’il veut s’associer à une équipe réunissant les conditions gagnantes, c’est qu’il a une idée bien en tête. Ce sera l’autonomie complète dans quatre ou cinq ans si les Canucks ne vont nulle part.
Il y a un facteur qu’on ne peut pas contrôler présentement. C’est le plafond salarial. Plusieurs équipes se retrouvent dans un cul-de-sac parce que les décideurs ont vu la pandémie contrecarrer les plans de l’entreprise.
Mais, pour les agents, le fameux règlement du joueur « partiellement » autonome ne les dérange pas du tout. Ce sont les propriétaires qui se retrouvent dans un étau.
QUE FERA LE CONSOMMATEUR ?
Tout récemment, quelques propriétaires de la Ligue nationale exprimaient, dans une entrevue au site The Athletic une certaine crainte au sujet de la prochaine saison.
La situation aux États-Unis a de quoi inquiéter les propriétaires. Pour l’instant, le calendrier de 82 matchs a été approuvé, on s’en tient au plan élaboré par Gary Bettman. Mais, la hausse inquiétante des cas d’infection obligera-t-elle le gouvernement américain à reviser ses positions sur les mesures sanitaires à prendre ? En d’autres mots, les Américains pourraient-ils limiter les admissions aux événements sportifs ?
Un autre sujet qui fait l’objet d’une attention particulière, c’est la réponse des consommateurs.
Les amateurs seront-ils au rendez-vous ?
« Pour le début de la saison, je n’entrevois aucun problème, soulignait l’un des propriétaires, mais, à partir de décembre, vont-ils manifester la même passion ? Pendant la pandémie, ils ont appris à composer avec l’adversité. Au cours des deux dernières saisons, nous avons présenté un calendrier écourté. L’an prochain, on leur proposera un calendrier complet de 82 matchs. Comment réagiront-ils ? »
QUESTION INTÉRESSANTE
Pour combler les pertes de revenus qu’on évalue à plus de 3 milliards $, les propriétaires voudront récupérer un pourcentage de la dette encourue en haussant le prix des abonnements saisonniers. Ils ont déjà réalisé un gain important, environ 650 000 000 $, somme que verseront, annuellement, les télédiffuseurs américains au cours des sept prochaines saisons. Les entreprises spécialisées dans le gambling ont également un intérêt marqué pour le hockey, elles ont acheté les droits locaux de plusieurs équipes. Il n’en demeure pas moins que l’achalandage aux tourniquets, en grande partie, est le pain et le beurre des équipes.
« La demande est intéressante, mais les acheteurs sont plus astucieux. Ils préfèrent l’achat de billets pour 20 matchs par exemple. » Les entreprises doivent revoir leur modèle d’affaires. Sur le plan individuel, peut-on appliquer à son budget une dépense non essentielle ?
On souhaite revenir à la « normale » le plus rapidement possible. Mais, justement, pourra-t-on revenir à la normale ?
Entre-temps, pandémie ou pas, on accorde toujours des contrats parfois injustifiés. En principe, le plafond salarial augmentera de 1 million $ chaque année d’ici la fin de l’entente en 2026-27, si, évidemment, on obtient les revenus escomptés. Pour la dernière saison, on spécule que le plafond salarial atteindra 91 500 000 $.
Les joueurs ne sont pas sortis de l’auberge. Ils ont une dette de 1,3 milliard $ à rembourser. Ils voulaient recevoir un plein salaire malgré un calendrier de 56 matchs… maintenant, ils doivent payer la facture puisqu’ils sont des partenaires à 50/50 avec les propriétaires. Lors de la dernière saison, le compte « escrow » a obligé les patineurs à verser 20 % de leur salaire. L’an prochain, on imposera un pourcentage entre 14 % et 18 %. Si les joueurs n’ont pas remboursé la dette, en totalité, à la fin de la saison 2026-27, on ajoutera une année à la présente entente.
Les propriétaires ont toutes les raisons de s’inquiéter. La pandémie est toujours aux portes des amphithéâtres et les consommateurs ont changé leurs habitudes de vie.
Ils n’ont plus les mêmes priorités…