Conservateurs et libéraux presque ex aequo
Les Canadiens sont divisés sur la couleur du prochain gouvernement, démontre un sondage Léger
La soirée électorale risque de réserver bien des surprises : à deux jours du vote, conservateurs et libéraux sont au coude-à-coude. Et la question sur le « racisme » des Québécois lors du débat en anglais continue de brouiller les cartes, en alimentant la montée du Bloc.
Parties avec cinq points d’avance, les troupes de Justin Trudeau se retrouvent désormais tout juste derrière les conservateurs d’Erin O’Toole, avec respectivement 32 % et 33 % des intentions de vote, révèle un coup de sonde de la firme Léger réalisé pour Le Journal et le National Post.
L’écart est si serré que le sondeur n’ose pas se prononcer sur l’issue des élections lundi.
« Avec un résultat comme celui-là, en termes de sièges, ça devient plus hasardeux, affirme le sondeur Jean-Marc Léger. […] Ça va être encore plus serré que la dernière fois. » En 2019, les conservateurs avaient remporté le vote populaire, mais obtenu moins de sièges que les libéraux.
Le Canada semble se diriger à nouveau vers un gouvernement minoritaire à Ottawa, mais encore là tout pourrait changer en fonction de « deux ou trois points, ce qui représente la marge d’erreur ».
LA QUESTION DU RACISME
Au Québec, la question sur le supposé « problème de racisme » des Québécois lors du débat en anglais continue d’alimenter la flamme nationaliste. Le Bloc québécois a connu une hausse de 5 % depuis que l’accusation a été lancée par la modératrice.
Il faut dire que la question a grandement occupé l’actualité, avec une sortie du premier ministre François Legault et deux motions adoptées à l’Assemblée nationale. Les chefs fédéralistes ont également dû se prononcer à plusieurs reprises sur le sujet.
« Ça a nui aux libéraux, mais également empêché la montée des conservateurs au Québec », note Jean-Marc Léger.
Ailleurs au pays, c’est plutôt la formation de Maxime Bernier qui joue les trouble-fête dans la campagne des conservateurs. En misant sur la grogne contre les mesures sanitaires, le Parti populaire du Canada va chercher jusqu’à 10 % des intentions de vote dans les Prairies.
« C’est significatif, ils ont un rôle. La grande question qu’on se pose avec le PPC c’est : iront-ils voter ? » demande le sondeur, en rappelant que les partisans de Mad Max sont à la fois antisystèmes et opposés au port du masque, en vigueur dans les bureaux de vote.
Mais le resserrement récent des restrictions sanitaires dans les Prairies et en Alberta pourrait jeter de l’huile sur le feu. Bien que les tiers partis soient souvent surévalués, les partisans du PPC sont les électeurs les plus motivés, explique le sondeur.
FAIRE SORTIR LE VOTE
Dans le dernier droit de la campagne, ce weekend, les deux partis qui aspirent à gouverner devront convaincre leurs électeurs de se rendre aux urnes.
« C’est une bataille pour le taux de votation, dit Jean-Marc Léger. Celui qui va s’assurer de motiver ses troupes pour aller voter va l’emporter. »