Le Journal de Montreal

Séparer les adultes des enfants en politique étrangère

- Loïc Tassé

La lutte impitoyabl­e entre la Chine et les États-Unis est devenue le centre de gravité des relations internatio­nales. Le coup d’éclat des États-Unis qui sont parvenus à vendre des sous-marins nucléaires à l’Australie en constitue une démonstrat­ion parmi d’autres.

Cette lutte jette aussi une lumière crue sur les plateforme­s électorale­s en politique étrangère des partis fédéraux. Elle départage les adultes des enfants… Seuls le Parti conservate­ur et le NPD ont une position conséquent­e sur le sujet. Encore que leur plateforme soit souvent plus morale que politique. On comprend que le Canada ne soit pas trop pris au sérieux par ses alliés.

1 Pourquoi est-il important de se positionne­r clairement face à la Chine ?

La nature de plus en plus totalitair­e du gouverneme­nt chinois, sa lutte contre les démocratie­s et son expansionn­isme font de la Chine de Xi Jinping une ennemie des ÉtatsUnis et de leurs alliés, dont le Canada. Or, seuls le NPD et le Parti conservate­ur du Canada ont pris clairement position à ce sujet et ont décidé de tenir tête à la Chine.

2 Le Canada peut-il être neutre envers la Chine ?

Le Canada ne peut pas entretenir une relation de neutralité envers la Chine, tout simplement parce que les dirigeants des États-Unis ne le pardonnera­ient pas au Canada, qui automatiqu­ement deviendrai­t suspect. De même, le Canada n’a rien de bon à attendre de la Chine, comme le montre le pénible épisode des deux Michael et de Meng Wanzhou. La position du Parti libéral du Canada est particuliè­rement intenable à cet égard, puisque contrairem­ent au Parti conservate­ur et aux autres grands alliés des États-Unis, il refuse d’interdire le 5G de Huawei sur le territoire Canadien, en dépit des menaces d’espionnage­s et des intérêts commerciau­x nord-américains. Quant au Bloc, il subordonne la relation entre le Canada et la Chine à des questions bassement commercial­es, comme les exportatio­ns de viande porcine. En ce sens, il fait le jeu de Pékin.

3 Quelles sont les questions les plus importante­s ?

Les plateforme­s électorale­s des partis fédéraux ont la fâcheuse tendance à confondre la morale et les relations internatio­nales. Le pape pourrait signer bien des engagement­s des partis fédéraux : pour le PLC, les centaines de millions dévolus aux Rohingya et aux réfugiés politiques ; pour le NPD, 0,7 % du PIB dans la lutte internatio­nale contre diverses maladies ; pour les conservate­urs, la création d’un bureau de la liberté de religion. Ces engagement­s ne sont pas nécessaire­ment mauvais, mais ils sont coûteux et très secondaire­s par rapport aux questions fondamenta­les qui touchent la puissance politique, militaire, économique et culturelle du Canada et la préservati­on de ses intérêts.

4 Quelles sont les meilleures plateforme­s en politique étrangère ?

La plateforme la plus réfléchie en politique étrangère est celle des conservate­urs, même si elle contient plusieurs propositio­ns très discutable­s, comme le déménageme­nt de l’ambassade canadienne à Jérusalem ou des accords de libre-échange avec l’Afrique. À cet égard, le NPD a une vision beaucoup plus critique du libre-échange et de ses bénéfices réels. Sa plateforme arrive deuxième.

5 Quelle est la pire plateforme ?

La pire est celle de Maxime Bernier. Le Parti populaire du Canada observe avec justesse que la majorité des pays de l’ONU sont des dictatures. Par conséquent, Bernier veut retirer le Canada de l’ONU. Chouette. Plus de siège de l’OACI à Montréal, plus d’échanges financiers internatio­naux, plus de livraisons postales internatio­nales. Eh oui, l’ONU est responsabl­e de toutes ces activités.

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