Davie pense pouvoir tripler sa main-d’oeuvre
L’entreprise continue de négocier avec Ottawa, mais croit avoir du travail pour les 20 prochaines années
« Il y a deux cents ans, des pionniers se sont tenus aux portes du Nouveau Monde, c’est là qu’ils ont créé Davie », narre le comédien Guy Nadon dans la dernière publicité du Chantier Davie, un hymne à la nation, très lyrique, dans lequel l’entreprise met de l’avant le concept de fierté pour recruter des travailleurs.
La publicité qui dure 1 minute 30 secondes, complètement pensée à l’interne, passe en revue différentes époques de l’histoire, les débuts de la commercialisation par bateaux, les grandes guerres jusqu’à la nationalisation de l’hydroélectricité et le déploiement de ressources dans le nord du pays.
« Il faut le dire, on ne fait pas de politique. Nous sommes fièrement Québécois et Canadien. Mais on est fier aussi du passé de la Davie et de ce qu’on sera dans le futur », affirme Benoît Chassé, vice-président ressources humaines en entrevue avec Le Journal.
« Ce qu’on dit dans notre message, c’est qu’on a une belle place actuellement et une belle carrière à offrir. »
ATTEINDRE 2000 EMPLOYÉS
C’est que le contexte est favorable à Davie. Actuellement, il y a 700-750 employés. Mais l’entreprise souhaite embaucher de façon intensive pour atteindre 2000 employés dans trois ans.
« On veut doubler, voire tripler notre main-d’oeuvre. C’est une période intéressante pour nous, nous avons une croissance importante pour les projets actuels et futurs », affirme M. Chassé.
L’entreprise cherche maintenant une centaine d’employés, environ 75 % sur les chantiers et le restant, des emplois de cols blancs et de gestionnaires.
« On peut maintenant faire carrière chez Davie dans les 20 prochaines années », assure le vice-président.
Si les mers semblent plus calmes, l’histoire de Davie a été mouvementée lors des dernières années. En 2011, le chantier était exclu de la Stratégie nationale de construction navale au profit des chantiers Seaspan à Vancouver et Irving à Halifax. Sans cette reconnaissance, de nombreux contrats allaient lui filer sous le nez.
DES CONTRATS ET DES NÉGOCIATIONS
Puis, revirement, Chantier Davie a réussi à se préqualifier en 2019, mais les négociations avec le fédéral sont toujours en cours. L’entreprise lévisienne, dont le propriétaire est Innocea, un groupe monégasque, travaille actuellement en étroite collaboration avec Ottawa pour finaliser l’adhésion.
Mais cela n’a pas empêché Davie de toucher plusieurs contrats qui assurent la production lors des prochaines années.
Après plusieurs rebondissements, Davie a commencé à travailler sur le remplacement du brise-glace (projet Diefenbaker), même si, encore là, les négociations ne sont pas terminées avec Ottawa.
DES CONTRATS POUR 20 ANS ?
Le Chantier planche aussi sur la conversion de brise-glaces de taille moyenne, sur le programme d’entretien des frégates de classe Halifax, ainsi que sur un énorme projet, la construction de deux traversiers pour Transports Canada.
Le défi maintenant ? Trouver de la main-d’oeuvre locale, mais aussi nationale et internationale pour pourvoir à tous les postes. « Oui, on a une difficulté, des enjeux de recrutement, de bassin de main-d’oeuvre », avoue M. Chassé.
Selon lui, pour faire face à cette pénurie, l’entreprise devra faire appel à son programme de développement des employés à l’interne, se tourner vers l’immigration et faire une bonne utilisation des outils de production. « Mais on voulait envoyer un message positif. On est tourné vers l’avenir, on veut sortir de la pandémie. »