Le Journal de Montreal

Flambée immobilièr­e, vous n’avez encore rien vu !

- Pierre-Olivier Zappa pierre-olivier.zappa @tva.ca

Il y a pourtant une solution simple à la crise : bâtir davantage de logements. Aucun parti ne propose de plan concret, détaillé, et crédible pour y parvenir.

Vous pensez que le prix des propriétés est déconnecté de la réalité ? Attendez, vous n’avez encore rien vu !

Plusieurs indicateur­s montrent que la flambée immobilièr­e est loin de s’éteindre. En ce moment, au Canada, la valeur moyenne d’une hypothèque atteint 355 000 $, et c’est un record. Selon la firme Equifax, il s’agit d’une augmentati­on de 22 % par rapport à l’an dernier.

Le plus gros problème demeure le manque de logements. De tous les pays du G7, c’est le Canada qui comptabili­se le plus faible nombre de logements pour sa population : 424 logements pour 1000 habitants. Il nous manque au moins 250 000 logements pour atteindre la moyenne du G7.

Seulement au Québec, l’Associatio­n des profession­nels de la constructi­on et de l’habitation (APCHQ) estime qu’il manque jusqu’à 60 000 logements pour combler la demande.

L’habitation doit devenir une priorité nationale. Les mises en chantiers ne suivent pas la demande. La pénurie de logements est frappante. Il faut bâtir, densifier et lever les obstacles qui limitent l’offre.

INQUIÉTUDE­S

Si la tendance se maintient, la situation n’ira pas en s’améliorant. Le déséquilib­re entre l’offre de logements et la demande va continuer de s’aggraver.

Les taux d’intérêt resteront bas, au moins jusqu’en 2023.

Les niveaux d’immigratio­n vont augmenter pour compenser les chiffres inférieurs durant la pandémie.

Des milliers d’étudiants internatio­naux reviendron­t au Canada sur les campus scolaires.

Les touristes étrangers seront plus nombreux à lorgner les locations à court terme sur des plateforme­s comme Airbnb.

Bref, la demande de logements sera inévitable­ment plus forte au cours des prochains mois.

Ajoutez à cela un autre facteur : la quête des grands espaces. L’attrait de la campagne et des banlieues demeure bien réel avec la perspectiv­e du télétravai­l en alternance.

Tous ces facteurs vont continuer d’alimenter la flambée immobilièr­e.

SOLUTIONS

Il y a urgence pour résorber notre déficit de logements. Pourtant, durant la campagne électorale fédérale, on a surtout entendu parler de mesures tape-à-l’oeil qui n’auront que très peu d’effets concrets.

Le NPD souhaite imposer une surtaxe aux acheteurs immobilier­s étrangers.

Les libéraux veulent créer un compte libre d’impôt pour inciter l’épargne en vue de l’achat d’une propriété.

Les conservate­urs promettent de libérer de l’espace dans les édifices gouverneme­ntaux pour y aménager des logements.

Il y a pourtant une solution simple à la crise : bâtir davantage de logements. Aucun parti ne propose de plan concret, détaillé, et crédible pour y parvenir.

BUREAUCRAT­IE

La bureaucrat­ie peut retarder, voire faire dérailler, plusieurs projets immobilier­s. Dans plusieurs grandes villes comme Montréal, le processus de validation des droits et des permis demeure laborieux.

Le problème est exacerbé par le manque de personnel au service d’urbanisme des villes.

Élus, fonctionna­ires et promoteurs sont loin d’être sur la même longueur d’onde. Leurs chicanes sont non seulement contre-productive­s, elles perpétuent le problème que l’on connaît.

En voici le plus récent exemple. La Ville de Montréal a décidé cette semaine qu’elle limiterait la superficie de plancher des bâtiments dans le sudest du centre-ville. Les futures tours à condos du site de Radio-Canada, de la brasserie Molson, et de l’ancien site de Cavalia, seront limitées à 750 m2 aux étages supérieurs.

Pourtant, ce choix est contraire au consensus des architecte­s et des experts en habitation.

Selon l’avis même de l’Office de consultati­on publique de Montréal, « ces limites constituen­t un obstacle majeur à l’intégratio­n des unités de logement social ou abordable ». Il faudrait presque doubler la superficie autorisée par la Ville pour satisfaire aux besoins actuels.

Une fois pour toutes, les élus et les promoteurs immobilier­s doivent s’asseoir à la même table et s’entendre sur un plan pour bâtir des dizaines de milliers de logements rapidement aux quatre coins du Québec. Ça presse.

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