SÉPAQ ANTICOSTI REMARQUABLE RETOUR EN FORCE
La plus grande pourvoirie de chasse au chevreuil au monde peut se targuer de faire face à d’heureux problèmes.
Au coeur du golfe Saint-Laurent, on retrouve une île giboyeuse de 8000 km² qui abrite une impressionnante population de cerfs de Virginie.
Les conditions climatiques à l’île d’Anticosti y sont toutefois très rigoureuses et elles ont souvent bousculé le cycle de vie des cervidés.
Imaginez, il y a eu des hécatombes hivernales en 2003 et en 2008 qui ont chaque fois décimé plus de 40 000 bêtes.
En décembre 2019, on nous présentait un vieil inventaire peu reluisant datant de 18 mois. Celui-ci en a fait sourciller plus d’un et a été contesté par plusieurs résidents de Port-Menier.
On expliquait que la principale raison de cette diminution était reliée aux abominables hivers 2014 et 2015 et aux printemps tardifs accompagnés de verglas.
RÉJOUISSANT
Heureusement, les trois derniers hivers ont été très cléments.
Ce qui a incroyablement aidé le cheptel à remonter la pente, ce sont les mois de janvier à avril 2021, lors desquels il n’y a eu au total que 101 cm de neige et aucun important verglas qui est meurtrier pour ces bêtes souvent à bout de souffle à cette période de l’année.
Sépaq Anticosti occupe la moitié de la superficie de l’île qui fait rêver tous les chasseurs de chevreuil, soit 4000 km².
« Lors de la préparation de présaison du territoire et des sentiers, nos employés n’ont découvert aucune carcasse, jubile le directeur Robin Plante. De plus, le phénomène de résilience de cette espèce est si fort, qu’on observe maintenant une hausse marquée au niveau de la reproduction. La très grande majorité des femelles ont eu deux rejetons, voire des triplets dans certains cas. La chasse s’annonce pour être excellente cet automne. »
Aux dires de certains intervenants, avec une concentration dépassant les 22 spécimens au km², la population d’Anticosti était en surcapacité et la nature ne pouvait malheureusement plus nourrir toutes les bouches.
De nos jours, on semble avoir atteint un équilibre avec une densité approximative de 10 à 12 bêtes au km², ce qui représente un des meilleurs endroits de la province.
PAS MOINS DE 110 CHEVREUILS
J’avais entendu beaucoup de « blabla » et je voulais le confirmer en personne. Lors d’un séjour, qui s’est déroulé il y a quelques jours à peine, j’ai franchement été impressionné par ce que j’ai pu constater.
Le premier matin, en arrivant à mon
il y avait un gros 10 pointes qui faisait le guet, comme pour nous narguer, et il a décampé à la première occasion. J’ai vu un minimum de 110 chevreuils (dont plusieurs au crépuscule).
Lors des journées suivantes, les bêtes semblaient plus tendues à l’approche d’une dépression météo, mais je voyais quand même 20 à 25 cervidés quotidiennement.
Ma partenaire et moi avons déjoué nos quatre chevreuils et surtout, surtout, manqué de nombreuses opportunités orchestrées par des vents et
des pluies qui rendaient le gibier fort nerveux.
RÉSERVEZ TÔT
« Les Québécois se sont réapproprié ce joyau ceinturé d’eau de 222 km de longueur par 56 de largeur. Nous avons réellement connu une année record. En fait, tout était complet en 2021 et tout est déjà réservé pour 2022 à l’auberge Port-Menier, explique avec un large sourire le directeur de la restauration, Francis Perras. Il ne reste que quelques disponibilités au pavillon McDonald qui a été complètement rénové et dans quelques chalets situés en bord de mer. »
Concernant la chasse, le gros problème, c’est que tout, mais absolument tout est vendu pour cette année. Il est donc souhaitable de marquer à son agenda les dates du 15 décembre au 15 janvier, quand plus de 256 places seront attribuées par tirage au sort.
Ceux qui sont venus cette année auront priorité pour renouveler leur séjour l’automne prochain. Il y a une liste d’attente (qui semble être de plus en plus longue) pour tous les différents forfaits, allant des camps modiques aux combinés royaux.
LA RELÈVE
Le directeur, qui supervise plus de 80 employés, se félicitait de sa nouvelle équipe composée principalement de recrues dans la force de l’âge qui, dans plusieurs des cas, remplacent des travailleurs qui ont pris une retraite bien méritée, comme Jean-Paul English et Wilbrode Tremblay que j’ai fréquemment côtoyés à Vauréal.
Comme à plusieurs autres endroits, le réseau de la Sépaq souhaite prioriser le service à la clientèle, et les dirigeants misent sur le bien-être de leur main-d’oeuvre qui est souvent difficile à recruter dans des lieux si éloignés.
DANS LE BOIS
Une étude réalisée en collaboration avec l’Université Laval, pour le compte de la Sépaq, démontrait que 90 % des amateurs ne s’éloignaient pas à plus de 300 mètres des routes principales et secondaires, et ce, même s’ils sont outillés gratuitement.
À son arrivée, chacun reçoit une carte papier détaillée avec tous les sentiers numérotés, le couvert forestier et les différentes interventions et coupes, les cours d’eau présents, les tourbières, etc. Les clients sont même invités à télécharger l’application Avenza et les cartes numérisées et géoréférencées de Sépaq Anticosti. Ces dernières révèlent les 2700 km de sentiers balisés et de nombreux sites en arrière-plan aux nemrods qui souhaitent partir à l’aventure.
La clientèle capture en moyenne 1,73 cerf par chasseur, tous segments confondus.
Tout le monde pourrait attraper ses deux bêtes. Mais la nature humaine fait en sorte qu’on veut être plus sélectif. Retenez qu’on y intercepte entre 30 et 50 bucks arborant 10 pointes et plus par année.
« On voit plus de 600 mâles ornés de huit pins par automne, sur une récolte possible de 4800 cerfs. Nous ne prélevons donc qu’un faible pourcentage de la population active », spécifiait le directeur de Sépaq Anticosti, Robin Plante.