Comment le virage technologique de l’industrie de la construction s’accélère
Le virage numérique de l’industrie québécoise de la construction est bel et bien amorcé. Dans ce vaste chantier, les entreprises peuvent compter sur un allié de taille avec l’Association de la construction du Québec (ACQ). Présente à la grandeur du Québec, elle offre à ses membres des outils et de l’accompagnement pour accélérer leur transformation technologique.
L’industrie a peut-être pris le virage plus tard que d’autres, mais les entreprises sont de plus en plus nombreuses à adopter des technologies voire à se doter d’une stratégie numérique.
C’est un des constats qui ressort d’une étude sur l’impact de l’innovation technologique et des technologies dans la construction menée pour l’ACQ au printemps. Il appert qu’une très grande majorité de répondants (77 %) ont indiqué avoir un intérêt fort ou très fort pour l’innovation et l’utilisation des nouvelles technologies dans leurs projets. Un bon nombre d’entreprises sont passées à l’action puisque 68 % des répondants disent avoir implanté et/ou utilisé une ou plusieurs innovations dans leurs projets.
« Évidemment, ce sont surtout les grandes entreprises qui réalisent le plus de progrès en innovation, souligne Joseph Faye, directeur des services corporatifs à l’ACQ. Elles ont davantage de ressources humaines et financières pour procéder à la transition. »
DÉMYSTIFIER LE NUMÉRIQUE
Le manque de ressources n’est toutefois pas le seul frein à l’utilisation des outils numériques. « Il y a aussi une tendance au statu quo. Les entreprises, surtout celles de petite taille, maîtrisent leurs façons de faire. Elles se demandent pourquoi elles devraient changer. Il y a également une croyance tenace à l’effet que les technologies, c’est bon seulement pour les grandes entreprises. Or, elles peuvent bénéficier même aux plus petits joueurs », explique Joseph Faye en rappelant que les entreprises de cinq employés et moins représentent plus de 80 % de l’industrie.
Il y a aussi que face à l’abondance des technologies sur le marché, choisir celle qui profitera vraiment aux opérations devient un cassetête. Pour remédier à cette situation, l’ACQ a développé différents outils et ressources pour aider ses membres à démystifier le numérique et démontrer sa rentabilité. Elle a mis en ligne la Boussole numérique, un outil d’autodiagnostic qui permet aux entreprises de rapidement évaluer leur maturité technologique.
Au printemps, elle a organisé, en collaboration avec l’Association des constructeurs de routes et de grands travaux du Québec, un colloque sur les impacts des innovations technologiques sur la productivité en construction. « On a également mis sur pied un comité qui s’assure de mettre en oeuvre des initiatives visant à soutenir la transition numérique de l’industrie, précise Joseph Faye. On travaille aussi au développement des capsules de formation sur les usages possibles de différentes technologies. »
Enfin, l’ACQ collabore avec l’Institut de gouvernance numérique dans le développement du Coffre numérique, un répertoire de solutions numériques disponibles pour l’industrie de la construction.
UN PLAN D’ACTION POUR L’INNOVATION
Au-delà de ce que fait l’ACQ, d’autres éléments se mettent en place pour favoriser la transformation numérique de l’industrie de la construction qui, rappelons-le, est un des secteurs clés de l’économie québécoise. En 2019, elle a généré près de 53 milliards de dollars d’investissement, soit environ 12 % du PIB, et comptait au-delà de 264 000 emplois directs en plus de milliers d’emplois indirects1.
Parce que le secteur est aussi au coeur de la relance de l’économie, le gouvernement s’est doté d’un plan d’action totalisant 120 millions de dollars (M$) pour l’aider à surmonter ses défis, notamment en matière d’amélioration de sa performance. Ainsi, d’ici 2023, il consacrera :
25,3 M$ pour soutenir le virage numérique des entreprises
9,7 M$ pour l’accélération de la modernisation des infrastructures et des processus technologiques des donneurs d’ouvrages publics
Il investira également 3 M$ pour la mise en place d’une feuille de route pour accélérer l’implantation du BIM, soit la modélisation des données du bâtiment, dans les projets d’infrastructure publique.