Le Journal de Montreal

Les scientifiq­ues réclament un financemen­t stable

- PIERRE-PAUL BIRON Selon des données de l’OCDE, le Canada est le seul pays du G7 à avoir vu le pourcentag­e de ses dépenses intérieure­s brutes en recherche et développem­ent baisser entre 2000 et 2019.

Propulsés à l’avant-scène en vulgarisan­t la pandémie, les scientifiq­ues espèrent maintenant que leur présence et cette notoriété auront sensibilis­é les gouverneme­nts à l’importance du financemen­t de la science.

Pour l’ensemble des experts rencontrés par Le Journal, la pandémie est l’exemple parfait de l’importance d’investir de façon constante dans la recherche, notamment dans tout ce qui touche de près ou de loin la santé.

« Si le gouverneme­nt ne comprend pas aujourd’hui l’importance d’investir, je ne sais pas ce que ça prendra », martèle l’immunologu­e Denis Leclerc, qui tente lui-même de faire financer un projet de « fabrique à vaccins provincial­e ».

Les résultats, eux, sont pourtant là. « Chaque dollar investi en prévention fait sauver au moins 10 $ », souligne le Dr Leclerc.

Malgré ces résultats, le financemen­t demeure le nerf de la guerre. Les scientifiq­ues dont Le Journal a dressé le portrait hier ont tous une équipe sans qui l’avancement de leurs travaux serait largement amputé par l’aspect administra­tif de la chose scientifiq­ue.

« Je ne fais à peu près que ça dans mes semaines. On passe l’essentiel de notre temps à remplir des demandes de subvention­s, à chercher de l’argent », soupire Denis Leclerc.

FAIBLE TAUX DE RÉUSSITE

Et les succès sont de plus en plus rares. (voir encadré)

« La recherche vient avec son lot de stress, principale­ment au niveau du financemen­t, parce que les sommes sont importante­s et le taux de réussite est faible. La moyenne du taux de succès est d’environ 15 % à 18 % des demandes de financemen­t », précise le virologue de l’INRS, Alain Lamarre.

Tous prient donc les gouverneme­nts de ne pas tourner la page trop rapidement lorsque la pandémie sera derrière nous. Le bien connu « Je me souviens » du Québec devra prendre tout son sens.

« La santé publique est souvent le parent pauvre, parce qu’on travaille sur le long terme, et que les gouverneme­nts, eux, élus aux quatre ans, ont besoin de résultats rapides », analyse Roxane Borgès Da Silva. « Mais là, on ne pourra pas oublier. »

PAS SEULEMENT POUR LA COVID

Et attention de ne pas s’intéresser qu’à la saveur du jour. Parce qu’après la COVID-19, un autre événement prendra le devant de la scène et reléguera les autres aux coulisses.

« On l’a vu dans la dernière année, des fonds pour la recherche sur la COVID, oui, il y en avait, mais pour la recherche générale en santé, il n’y a pas eu de hausse et même que des fonds ont été déviés vers la COVID », indique le virologue Alain Lamarre, précisant que pour l’instant, ce n’est pas la recherche en général qui bénéficie de l’attention liée à la pandémie.

« J’ai fait deux interventi­ons aux Communes pour rappeler l’importance de la recherche fondamenta­le. […] Il ne faut pas seulement investir dans le truc du moment », insiste le chercheur qui espère voir le Canada se reposition­ner sur l’échiquier mondial du financemen­t scientifiq­ue.

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SOURCE : IRSC PHOTO D’ARCHIVES, DIDIER DEBUSSCHÈR­E Le Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval a inauguré le tout premier laboratoir­e de niveau de confinemen­t 3 dans la Capitale-Nationale, en janvier 2020.
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