Le Journal de Montreal

Des modèles pour la relève

La visibilité de la science dans la dernière année inspire des jeunes à s’y intéresser

- PIERRE-PAUL BIRON

Visibles comme jamais depuis un an, les scientifiq­ues qui vulgarisen­t la pandémie au quotidien sont devenus des modèles pour des jeunes comme Daphnée Briand, qui rêve à son tour de faire une différence.

La jeune fille âgée de 12 ans est une passionnée de science. Et si cet intérêt date d’avant la crise, il s’est affiné au cours des derniers mois.

« J’aimais déjà beaucoup la chimie et la biologie, mais la pandémie m’a encore plus donné le goût de faire de la science parce que j’ai découvert la virologie. On en a beaucoup parlé et j’aimerais moi aussi travailler à inventer des vaccins », confie l’étudiante de première secondaire de l’École de L’Envol, à Lévis.

La présence de plusieurs scientifiq­ues dans l’actualité n’est pas étrangère à cet intérêt chez Daphnée. Pour elle, c’est enfin l’occasion d’avoir des modèles scientifiq­ues.

« Ça donne le goût de contribuer, moi aussi, un jour. […] Les entendre parler de science, les voir à la télévision, ça peut intéresser les gens. Moi, ça m’a donné encore plus envie de devenir comme eux », confie-t-elle.

LA REVANCHE DE LA SCIENCE ?

Si les petits gardiens de but ont Carey Price et les amateurs de musique ont Charlotte Cardin ou Loud, les jeunes passionnés de science ont donc maintenant aussi leurs modèles accessible­s en François Marquis, Caroline Quach-Thanh et d’autres. Est-ce que la pandémie sera la revanche de la science ?

« On va voir l’impact de tout ça, de notre présence dans les médias, plus tard. J’ai hâte de voir, de pouvoir le calculer. Mais je crois qu’il y aura un engouement », estime Alain Lamarre, virologue à l’Institut national de recherche scientifiq­ue (INRS), qualifiant la formation de la relève d’aspect primordial de la science. « C’est beau les découverte­s, mais il faut aussi former les génération­s à venir parce qu’on ne peut tout faire seul ».

Pour le Dr Mathieu Simon, ce transfert de connaissan­ces et de passion est primordial. Ça fait partie de la mission autant que le reste, que ce soit avec ses étudiants en médecine ou les jeunes qu’il rejoint par ses interventi­ons. C’est pour lui un legs qui sera réussi s’il parvient à en convaincre de se lancer.

« Je n’ai pas d’enfants, donc c’est un peu, pour moi, ma compensati­on. Parce qu’être parent, c’est beaucoup de laisser derrière un peu de soi-même, et c’est comme ça que je le vois. J’essaie de laisser dans le milieu quelque chose de moi, en souhaitant que ce soit le meilleur », réfléchit le médecin.

BESOINS IMPORTANTS

Et ce transfert est encore plus important alors que les besoins sont là, dans tous les domaines. Un rapport de l’OCDE indique que nous voyons le taux de chercheurs scientifiq­ues canadiens diminuer depuis quelques années. En fait, le Canada est le seul pays du G7 qui a vu son nombre de chercheurs par 1000 employés chuter entre 2011 et 2019.

« J’espère qu’on aura pu allumer la flamme chez certains parce qu’on en a besoin. Il y a des besoins dans toutes les profession­s de science », insiste Mathieu Simon.

« La relève, elle est essentiell­e », renchérit l’épidémiolo­giste Gaston De Serres. « J’ai compris avec les années que même si tu commences à peine ta carrière, tu dois déjà préparer la prochaine génération. J’espère qu’on a pu le faire un peu durant la pandémie », souhaite le médecin.

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? Daphnée Briand, étudiante en 1re secondaire dans une école de Lévis, s’est découvert une passion pour la science qui a été amplifiée par la présence de plusieurs spécialist­es dans les médias cette année. « C’est vraiment inspirant », confie l’adolescent­e.
PHOTO STEVENS LEBLANC Daphnée Briand, étudiante en 1re secondaire dans une école de Lévis, s’est découvert une passion pour la science qui a été amplifiée par la présence de plusieurs spécialist­es dans les médias cette année. « C’est vraiment inspirant », confie l’adolescent­e.

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