Le Journal de Montreal

Forcée de se chauffer avec le four par manque de loyer

Une famille est incapable de se trouver un nouvel appartemen­t pour déménager

- CLARA LOISEAU

Incapables de se reloger depuis l’annonce de la démolition de leur immeuble, à Longueuil, un couple et ses trois enfants en sont réduits à se chauffer avec la cuisinière en vivant dans la crainte constante de l’arrivée des bulldozers.

« On est les seuls qui restent de l’immeuble. On cherche depuis des mois, mais on ne trouve rien. Personne ne veut d’une famille avec trois enfants et parce que pour le moment [ma conjointe] ne travaille pas », explique Ismaël Lahmoum, qui vit avec sa femme et leurs enfants de 14, 12 et 6 ans.

En mai dernier, l’immeuble où il vit avec sa famille depuis deux ans a été acheté par la résidence pour aînés de Longueuil, Château Bellevue, selon le registre foncier de la Ville.

On a alors demandé à M. Lahmoum de quitter l’appartemen­t pour le 30 septembre, au plus tard, et on lui a offert trois mois de loyer gratuit, explique-t-il.

Malgré des recherches et des visites intensives durant les quatre derniers mois, la famille de cinq peine à trouver un logement assez grand qui rentre dans son budget, s’étirant tout de même jusqu’à 1300 $ par mois, explique Asmae Zoihid, la maman.

« On est prêt à prendre un appartemen­t plus petit pour rester dans le quartier, parce que les enfants vont à l’école à côté, qu’ils ont leurs amis et leurs repères. Ce n’est pas facile pour eux non plus, même s’ils comprennen­t un peu la situation », laisse-t-elle tomber.

LE FOUR POUR CHAUFFER LE LOGEMENT

Depuis le 1er octobre, la pression de trouver un nouveau toit a particuliè­rement augmenté sur cette famille originaire du Maroc qui vit sur la Rive-Sud de Montréal depuis 14 ans. Le gaz qui leur permettait de chauffer l’appartemen­t a été coupé.

« Maintenant, on doit allumer le four et laisser la porte entre-ouverte. On n’a pas le choix de faire ça pour rester au chaud », confie M. Lahmoum.

ENFANTS REFUSÉS

Selon l’homme qui travaille comme concierge, la majorité des propriétai­res d’appartemen­ts refusent ou disparaiss­ent dès qu’il indique avoir des enfants.

Mme Zoihid, employée normalemen­t dans une garderie, croit que son arrêt de travail l’empêche aussi de fournir une preuve tangible d’emploi pour rassurer les propriétai­res.

Pour Marco Monzon, directeur général du Comité logement Rive-Sud, la situation de cette famille reflète bien la crise du logement qui se dessine depuis des années.

« On le sait, les taux d’inoccupati­on sont très, très bas, surtout pour les 3 chambres et plus. Mais en plus, il y a vraiment eu une augmentati­on des prix des loyers, donc même s’il y a des logements, ils ne sont pas accessible­s parce que les prix sont trop hauts pour des familles », explique-t-il.

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PHOTO CLARA LOISEAU Ismaël Lahmoum et sa famille peinent à trouver un toit et sont encore coincés dans leur logement de Longueuil, où le gaz a été coupé depuis le 1er octobre et qui doit être détruit pour construire une résidence pour aînés.
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