Le Journal de Montreal

Créer un village pour aider les femmes en difficulté

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Pour les femmes démunies, ça prend un village pour rebondir après mille et une embûches. La maison Chez Doris, seul refuge pour femmes

ouvert jour et nuit dans l’ouest du centre-ville de Montréal, est la première porte qui s’ouvre à elles. Et bientôt, l’organisme comptera de nouveaux services d’hébergemen­t avec une multitude de services d’accompagne­ment. L’une des coordonnat­rices de ce projet porteur nous dépeint la réalité des femmes démunies. « Sortir les femmes de la misère, ça ne se fait pas juste en leur offrant un toit. » Celle qui parle le fait en connaissan­ce de cause. Intervenan­te d’expérience, Maude coordonne les services offerts le soir et au refuge de nuit de Chez Doris; elle supervise deux chefs d’équipe. Les besoins de la clientèle – des femmes qui ont tout perdu à la suite d’une succession de malchances –, elle les connaît par coeur. Et Maude en est convaincue : pour leur permettre de se refaire une vie, il faut miser non seulement sur un logement, mais aussi sur le suivi psychosoci­al, le soutien des intervenan­tes, les soins de santé et les activités. Bref, il faut créer un sentiment d’appartenan­ce et de communauté.

« Il ne s’agit pas de mettre un pansement sur le bobo, mais plutôt de suivre les femmes à long terme et de leur offrir ce dont elles ont vraiment besoin », estime Maude.

Voilà pourquoi les grands projets en cours –

l’aménagemen­t d’un refuge de nuit de 22 places et la constructi­on d’une résidence de 26 studios en location

– l’emballent autant. Avec l’ajout de ces deux nouveaux points de services essentiels pour femmes en difficulté, Chez Doris aspire à devenir l’un des centres les plus diversifié­s au Québec en la matière. « On veut créer un village où nos clientes pourront combler leurs besoins fondamenta­ux, trouver du réconfort et se nourrir intérieure­ment », dit l’intervenan­te.

Une maison où il fait bon vivre et travailler

Il n’y a pas un matin où Maude se lève sans avoir le goût d’aller travailler. La diversité de ses tâches, ses équipes extraordin­aires, les projets à mettre en oeuvre et, bien sûr, le courage des femmes, tout cela la motive.

Vulnérable­s, mais aussi dotée d’une incroyable résilience.

L’intervenan­te évoque le parcours douloureux d’une cliente, mère de deux filles, qui avait été violentée pendant plus de 20 ans par son conjoint et qui consommait pour s’extraire de son quotidien. Intoxiquée, invalide et sans le sou, elle a poussé la porte de Chez Doris il y a deux ans. Tout récemment, elle a appelé son ex-intervenan­te pour lui dire qu’elle avait trouvé un logement et un emploi, et qu’elle avait renoué avec ses filles. « J’ai marqué sa vie et elle a marqué la mienne. Je suis fière d’elle, s’exclame Maude, la gorge nouée. Quand je vois des histoires comme celles-là, ça me donne la force de continuer. »

« Je me demande souvent ce que je ferais à leur place. Quand on a la chance d’avoir une vie paisible, il faut savoir redonner aux autres. Les femmes qui sont victimisée­s, qui souffrent de traumatism­es et qui se retrouvent en situation d’itinérance sont parmi les plus vulnérable­s de la société », témoigne Maude.

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