Véritable explosion des placements privés
Investissement Québec est sollicité comme jamais depuis le début de la pandémie
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à cogner aux portes d’Investissement Québec (IQ), qui affirme n’avoir jamais réalisé autant de transactions pour des placements privés qu’au cours de la dernière année.
« Je n’ai jamais vu autant de volume de transactions, pourtant j’ai été du côté transactionnel toute ma vie. Chez Investissement Québec, c’est incroyable ce qu’on voit aujourd’hui », a récemment indiqué au Journal Bicha Ngo, première vice-présidente exécutive, Placements privés.
Durant l’exercice financier 2020-2021, l’équipe de Placements privés d’IQ a effectué 80 interventions financières par l’entremise de ses fonds propres pour une valeur globale de plus de 1 milliard $, selon des données fournies.
Ce montant d’investissement représente le double par rapport à l’année précédente, soit avant l’apparition de la COVID-19 en sol québécois.
Malgré la reprise des activités dans la majorité des secteurs, ce rythme d’investissement s’est maintenu ces derniers mois, a confirmé Mme Ngo, estimant que la situation économique est toutefois beaucoup plus stable.
« Au début de la pandémie, c’était pour soutenir les entreprises au niveau des liquidités pour passer à travers la période d’instabilité. Aujourd’hui, il y a beaucoup de projets d’acquisition. Le secteur de l’aéronautique a aussi besoin d’un petit souffle », affirme la v.-p., ajoutant que les demandes affluent de « tous les secteurs », notamment pour des projets de croissance.
Ces derniers mois, IQ est notamment devenu actionnaire dans l’entreprise québécoise LOU-TEC, spécialisée dans la location de machinerie lourde et d’outils pour le secteur de la construction.
Le bras financier du gouvernement a également soutenu financièrement des entreprises comme EXFO, Olymel, AlayaCare, APN et mdf commerce, pour ne nommer qu’elles.
PRENDRE PLUS DE RISQUES
En juillet dernier, lors d’une entrevue avec Le Journal, le grand patron d’IQ, Guy
LeBlanc, avait indiqué qu’il fallait s’attendre à voir son organisation prendre davantage de prises de participation directes dans des compagnies.
« Le nouveau mandat d’IQ est de regarder dans la chaîne des capitaux où il y a des carences et de pallier ces carences. On va peut-être prendre plus de risque que le secteur privé », a répondu Mme Ngo.
La branche Placements privés d’IQ peut intervenir auprès des compagnies de différentes manières, soit par du financement, en participations, en capital de risque ou dans des fonds d’investissement.
À titre d’information, en 2020-2021, IQ a injecté 131,6 millions $ en capital de risque. Plus de 50 % de ces investissements ont été réalisés dans des régions et en collaboration avec d’autres partenaires financiers.
Rappelons qu’en 2019, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, avait affirmé qu’IQ allait devoir prendre plus de risques pour accompagner les entreprises durant leur croissance.
PROTÉGER LA PROPRIÉTÉ QUÉBÉCOISE
Selon Mme Ngo, il est important de protéger la propriété québécoise lors d’une transaction ou pour du financement. IQ estime qu’il faut également accorder une importance au maintien du siège social, à la propriété intellectuelle ainsi qu’aux opérations de l’entreprise au Québec.
Dans le cas du projet de filière de batteries du gouvernement Legault, dont les investissements nécessaires pourraient dépasser le cap des 10 milliards $, la première vice-présidente est d’avis, par exemple, qu’il faudra des capitaux privés d’ici ou de l’étranger pour mener à terme cette initiative.
« On va prendre une position [dans ce type de projet], mais le but est d’attirer d’autres investissements au Québec pour soutenir cette transformation-là », a souligné Mme Ngo.