Le Journal de Montreal

Miser sur les employés

La formation du personnel est la meilleure façon de combattre les cyberpirat­es

- STÉPHANE DESJARDINS Collaborat­ion spéciale

Comment protéger une entreprise contre les attaques répétées des cyberpirat­es ? En misant sur les employés !

La cyberdéfen­se, c’est avant tout une question de culture d’entreprise, disent les spécialist­es en cybersécur­ité.

« Et ça touche principale­ment les PME, car 70 % des entreprise­s canadienne­s victimes d’incidents de cybersécur­ité emploient moins de 100 personnes », explique Guillaume Caron, président-directeur général de VARS, division en cybersécur­ité de Raymond Chabot Grant Thornton.

Concrèteme­nt, les cyberpirat­es attaquent les entreprise­s principale­ment par des techniques d’hameçonnag­e.

« Ils envoient un courriel contenant un lien, un employé clique sur ce lien, ce qui permet au criminel d’exécuter un malware qui prendra éventuelle­ment le contrôle de l’environnem­ent informatiq­ue de l’entreprise », poursuit M. Caron.

Comment réagir ? En se dotant d’un plan qui passe par la formation et la sensibilis­ation du personnel.

« Tout le monde, du grand patron aux employés de la base, doit être formé et, surtout, sensibilis­é à la sécurité informatiq­ue, poursuit M. Caron. La direction doit comprendre les principaux enjeux et choisir les solutions technologi­ques et humaines appropriée­s. De nos jours, on ne peut plus dépendre uniquement des antivirus… »

UNE POLITIQUE

Une PME doit donc se doter d’une politique de sécurité informatiq­ue qui sera réalisée en fonction de sa réalité, de sa culture, de ses opérations et de ses effectifs. Il ne faudra pas hésiter à faire affaire avec un spécialist­e pour l’écrire et l’implanter, à tous les échelons de l’entreprise.

« Pas besoin de rédiger plusieurs politiques, une seule fait le travail, reprend M. Caron. Évidemment, les ressources humaines devraient figurer un centre de ce document. Il devra aussi aborder des questions importante­s : qui dispose des accès aux serveurs, au réseau, aux postes de travail, tant au bureau qu’à distance, qui doit réagir en cas d’attaque, qui faut-il contacter en ordre de priorité ? »

Ce document devra tenir compte de certaines techniques d’ingénierie sociale et s’adapter aux réalités de l’entreprise pour être efficace et réaliste. Il devra être rédigé dans une langue simple. Et cette politique doit impérative­ment aborder la question de la sensibilis­ation des employés.

Pour Guillaume Caron, l’entreprise doit s’assurer qu’une telle politique soit lue, comprise et signée par tous les membres du personnel.

Par la suite, la PME peut se charger d’organiser elle-même des activités de sensibilis­ation sur une base continue, ou les confier à une firme externe.

DE LA FORMATION

Pour faire face à la menace, une PME doit instaurer dès que possible un programme de sensibilis­ation et de formation.

« Dans la réalité, les employés constituen­t le maillon le plus faible face aux cybercrimi­nels. Il faut faire en sorte qu’ils deviennent une première ligne de défense efficace », martèle M. Caron.

Ce dernier prône l’instaurati­on de campagnes de sensibilis­ation permanente­s, routinière­s et, surtout, à participat­ion obligatoir­e. Les thèmes portent avant tout sur l’hameçonnag­e, la protection des renseignem­ents et des documents sensibles, l’utilisatio­n des technologi­es…

« Il faut que ces campagnes soient attrayante­s et fassent appel à des quiz en ligne et à de l’humour, reprend M. Caron. Et, surtout, il faut sans cesse répéter le message. »

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Un spécialist­e surveille le réseau informatiq­ue d’une entreprise afin de prévenir les cyberattaq­ues.

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