Le Journal de Montreal

Obligée de refinancer sa dette sur 5 ans

- Emmanuelle Gril emmanuelle.gril@quebecorme­dia.com

Mélanie est séparée et a la garde partagée de ses deux enfants. Placée dans une situation financière précaire à cause de ses dettes, elle a demandé à son ex-conjoint d’assumer temporaire­ment la garde à temps plein d’ici à ce qu’elle retombe sur ses pieds.

Avec un salaire de 2735 $ net par mois et les allocation­s familiales pour ses enfants en garde partagée, Mélanie pourrait se tirer d’affaire. Malheureus­ement, deux dettes l’empêchent de sortir la tête de l’eau.

Ainsi, elle a un prêt auto dont le solde est de 14 300 $, ce qui représente un paiement mensuel de 375 $. À cela s’ajoute un prêt de consolidat­ion contracté auprès de son institutio­n financière d’un montant de 12 500 $ à l’origine, et dont le solde aujourd’hui est de 9600 $. Elle en est seule responsabl­e en vertu de l’entente prise avec son ex-conjoint à la suite de sa séparation. Le prêt a été pris sur deux ans et le taux d’intérêt est de 14 %.

« Mélanie n’a pas choisi le terme de 24 mois, mais plutôt son ex-conjoint puisqu’ils étaient alors deux à assumer les dépenses de la famille », précise Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité et président de Jean Fortin & Associés. Le problème est que cet amortissem­ent très court lui impose des versements mensuels de 600 $, qui sont beaucoup trop élevés pour son budget.

UNE BOUFFÉE D’OXYGÈNE

N’ayant pas les moyens de prendre un appartemen­t, Mélanie habite en colocation avec une amie et lui verse 520 $ par mois pour contribuer aux charges. Puisque ses meubles sont en entreposag­e, elle doit assumer un montant supplément­aire de 85 $.

« Lors d’une première rencontre avec elle et après analyse de son budget, nous lui avons conseillé de contacter sa directrice de compte à la banque afin de refinancer son prêt sur cinq ans au lieu de deux. Ce n’est pas tant le montant du prêt qui cause des difficulté­s, mais plutôt la courte période d’amortissem­ent », explique Pierre Fortin.

La jeune femme prend donc rendezvous auprès de son institutio­n financière et présente sa demande. Toutefois, le dossier ne semble pas aboutir. Avec la permission de Mélanie, un profession­nel de Jean Fortin a communiqué avec la directrice de compte pour tenter de dénouer l’impasse. Après quelques discussion­s, elle a accepté de renégocier le prêt sur cinq ans. Il reste encore 9600 $ à rembourser, soit des versements de 223 $ par mois. Grâce à cette bouffée d’oxygène et assurée de pouvoir équilibrer son budget, la jeune femme a pu louer un appartemen­t et récupérer la garde partagée de ses enfants.

REFINANCER POUR MIEUX RESPIRER

Le refinancem­ent du prêt sur cinq ans plutôt que sur les 19 mois restants à l’entente initiale représente des frais d’intérêt supplément­aires d’environ 2600 $, mais cela vaut mieux que d’être en défaut de paiement.

« Il arrive que l’on n’ait d’autre choix que d’amortir une dette sur une période plus longue. Dans le cas de Mélanie, les retombées de cette décision ont été très positives », indique Pierre Fortin.

Il souligne qu’habituelle­ment, on conseille d’accélérer le remboursem­ent d’une dette afin d’en réduire les frais d’intérêt. Il semble toutefois peu probable que Mélanie puisse payer plus rapidement, à moins d’un changement majeur dans ses revenus.

« Elle devrait aussi se constituer un coussin financier pour pallier les imprévus et faire face à diverses dépenses comme celles pour la rentrée scolaire, les vacances, les cadeaux de Noël, etc. Lorsqu’on ne peut compter que sur un seul salaire, un fonds d’urgence et la prudence sont des facteurs essentiels pour éviter de se retrouver en difficulté financière », ajoute-t-il.

 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada