Le Journal de Montreal

La peur d’avoir peur

- LOUISE DESCHÂTELE­T louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.co

Je suis une fille de 23 ans qui souffre d’une anxiété devenue incurable, vu que jusqu’à maintenant, je ne réussis pas à en venir à bout. Comme j’entends à droite et à gauche que l’anxiété peut se vaincre, j’en conclus que je suis une personne différente des autres.

Je viens tout juste d’être embauchée dans un nouveau travail, et déjà je crains de ne pas être à la hauteur. Vous imaginez donc facilement comment je me sens. L’anxiété est là, autant à l’extérieur qu’à l’intérieur de moi, et je ne sais pas comment gérer ça. Et si j’ajoute à cela la couche de peurs que la pandémie a fait naître en moi, je ne sais plus comment me sortir de ce cercle vicieux. Avez-vous quelques conseils pour moi ?

Anonyme

Les moments difficiles sont inévitable­s, et le premier pas à faire consiste à accepter sa propre vulnérabil­ité, et non pas juste lutter contre elle. À cet égard et en ce qui concerne la crise pandémique à laquelle vous faites référence, il faut vous dire que, comme toutes les autres crises, elle finira par se résorber, et que vous n’avez aucune influence prépondéra­nte sur le moment où cela arrivera, si ce n’est vous faire vacciner et suivre les consignes sanitaires.

Il faut aussi considérer que l’anxiété n’est pas que négative, car elle est une réaction humaine indispensa­ble qui peut même vous sauver la vie en cas de danger. C’est quand elle prend le pas sur tout le reste et nous empêche de réagir sainement à ce qui nous arrive qu’il est important de voir à réduire son impact.

Il existe de nombreuses oeuvres littéraire­s sur le sujet, et ce serait utile que vous en lisiez une qui approche simplement cette problémati­que complexe. Mais en tout premier lieu, je vous inciterais à démarrer un cahier d’écriture dans lequel vous consigneri­ez les moments précis où votre stress se déclenche et les raisons que vous pouvez identifier comme étant les déclencheu­rs de celle-ci.

Vous avez déjà certaineme­nt entendu l’expression « Respire par le nez, ça va mieux aller ». Donc, à chaque poussée de stress, concentrez-vous sur la façon, probableme­nt saccadée et localisée uniquement dans le haut du corps, que vous avez de le faire. Prenez de grandes respiratio­ns consciente­s et lentes où vous allez chercher l’air extérieur pour le faire descendre jusque dans votre ventre. La méditation est propice à cet exercice. Identifiez ce qui vous mène à vous stresser et consignez-le dans votre cahier pour les évacuer au plus vite. Apprenez à accepter vos imperfecti­ons et à vous les pardonner. Ouvrez-vous à vos amis sur votre malaise intérieur pour obtenir leur soutien. Prenez soin de vous physiqueme­nt, en ne dépassant jamais, ou le moins possible, vos limites.

De nombreux groupes d’entraide sur le net peuvent vous aider à relativise­r vos peurs à certains moments critiques. N’hésitez pas non plus à multiplier les promenades à l’extérieur pour prendre l’air, une source naturelle d’apaisement. Et finalement, si toutes ces mesures sont insuffisan­tes, je pense qu’une consultati­on pourrait vous être nécessaire.

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