Le Journal de Montreal

Grandir avant le temps

- DAVE LÉVESQUE

Mathieu Choinière n’a que 22 ans, mais il possède déjà une belle maturité et quand on le connaît depuis longtemps, on voit aussi un jeune homme qui s’épanouit.

Il faut dire qu’il est autonome depuis l’adolescenc­e puisque son frère David et lui ont quitté leur village de SaintAlexa­ndre, au sud de Saint-Jean-surRicheli­eu, pour s’en venir à Montréal à l’âge où les autres ados se demandent surtout ce qu’il y a pour souper.

« Mon frère et moi on a quitté la maison quand il avait 13 ou 14 ans et moi 11 ou 12 ans. Mes parents ont pris un appartemen­t à Montréal et ma mère était avec nous pendant les deux premières années », raconte-t-il.

« Vers 16 et 14 ans, elle est repartie vivre avec mon père. On était seuls à Montréal, ça amène de la maturité. Il fallait faire de la bouffe, la vaisselle, le ménage. Tu grandis assez vite. On avait aussi un coloc, Raphaël Garcia de l’Académie. »

D’ailleurs, les deux frères se retrouvero­nt à la fin du mois quand le CF Montréal affrontera le Force FC de Hamilton en demi-finale du Championna­t canadien.

David, qui a porté les couleurs de l’Impact de Montréal de 2016 à 2018, est une des têtes d’affiche de la formation ontarienne.

On n’a pas le choix de devenir un adulte avant le temps quand on se retrouve en appartemen­t sans parents à 14 ans.

Mais c’est aussi l’environnem­ent de l’Académie qui l’a aidé à prendre son envol.

« Le mode de vie à l’Académie est quand même strict et quand tu arrives à l’équipe pro, c’est une continuité et ça te permet d’avoir une continuité dans ton horaire. »

Grâce à leurs parents, les frères Choinière ont développé une grande autonomie. Mais l’arrivée au sein de la première équipe, avec qui il a signé une entente deux semaines après son 18e anniversai­re en 2018, a accéléré le processus de mûrissemen­t.

« Côtoyer des gens plus vieux, ça te permet de mûrir. Tu vois ce qu’ils font et tu prends exemple sur eux. Des fois quand tu es jeune, tu veux trop en faire, mais tu peux aussi dépenser trop d’énergie en le faisant. »

SOIGNER SA TÊTE

On l’a vu avec les dossiers Jonathan Drouin et Carey Price, la charge mentale est importante pour les athlètes profession­nels.

Mathieu Choinière admet que ce n’est pas évident de s’isoler de la pression.

« L’aspect mental est le plus difficile à gérer. Quand ça va bien, il n’y a pas de problème, mais quand on a une période creuse, c’est difficile de remonter.

« C’est comme des montages russes. Ça va vite vers le haut et ça peut repartir vite vers le bas et ça tire beaucoup de jus mentalemen­t. Tu te poses parfois des questions qui sont inutiles. »

Tout est une question de contrôler le hamster afin qu’il ne tourne pas trop dans sa tête.

« Il y a tout le temps une remise en question, tu es toujours un peu dans le doute, même si c’est sur deux ou trois actions. Je veux éviter d’avoir un down et continuer de progresser. Il faut juste que je me pose les bonnes questions. »

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PHOTO D’ARCHIVES Mathieu Choinière lors d’un match au Stade Saputo face au Fire de Chicago FC le 19 septembre dernier.

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