Le Journal de Montreal

La pression de Montréal, vraiment ?

- – Propos recueillis par Gilles Moffet

L’annonce de Carey Price réclamant l’aide de la Ligue nationale pour des problèmes d’ordre mental m’a étonné et personne ne l’a vu venir, mais de là à déduire que c’est la pression de jouer à Montréal qui l’a affecté, je ne le crois pas une seconde.

Entre joueurs, on entend parfois des histoires sur certains qui ont des problèmes, mais dans le cas de Price, c’est sorti de nulle part. Il n’y avait aucun drapeau rouge. Lorsque Stéphane Richer a dit, par exemple, « qu’il n’y avait pas que le hockey dans la vie », c’était un drapeau rouge. En santé mentale, c’est presque toujours le cas.

Si Marc Bergevin avait la larme à l’oeil dans son point de presse, ça m’indique que le problème est sérieux. On s’imagine différents scénarios, mais l’ami et ancien entraîneur spécialisé de Price, Stéphane Waite, a eu le mérite d’écarter clairement les hypothèses de dépendance à l’alcool, à la drogue ou au jeu.

UN GROS IMPACT

On ne sait toujours pas la nature des problèmes de Price, mais Waite a dit avoir bon espoir de voir son ancien élève s’en remettre et c’est rassurant. L’autre bonne nouvelle, c’est que tout comme Jonathan Drouin, Price a lancé un message fort sur l’importance de demander de l’aide lorsqu’on éprouve des problèmes d’ordre mental.

Si le geste de Drouin a eu un gros impact au Québec, celui de Price porte davantage, car il est une grande vedette au Canada et même aux États-Unis. Mais les deux méritent toutes nos félicitati­ons, tout comme la joueuse de tennis Naomi Osaka et la gymnaste Simone Biles, qui ont abordé le sujet. Plus des personnali­tés publiques parleront de santé mentale, plus elles inciteront les gens affectés à demander de l’aide.

D’ailleurs, j’ai l’impression que Price a essayé par lui-même de s’en sortir, lors de la courte saison estivale, et qu’il s’est rendu à l’évidence, tout récemment, qu’il avait besoin d’aide.

AUCUN LIEN

Les problèmes de Price, selon moi, ne sont pas liés à la pression de jouer pour le Canadien. J’en suis certain. Peut-être fut-ce le cas pour Drouin, qui est plus jeune, mais certaineme­nt pas Price à 34 ans, car il a surmonté toutes les épreuves depuis ses débuts avec le Canadien, en 2007.

Être gardien de but du CH vient avec son lot de pression. On passe à travers des situations difficiles et à la longue, il y en a une qui nous sort de Montréal.

Si l’on comparait cette dynamique à un jeu Nintendo de 30 niveaux, je dirais que je me suis rendu au niveau 20, Patrick Roy au niveau 24 et Carey Price, au niveau 30. Personne n’a duré plus longtemps que lui devant le filet du Canadien.

CHILL-OUT

Si Price avait craqué en séries, il aurait été plus vulnérable mentalemen­t, mais, au contraire, il a livré des performanc­es étincelant­es. La défaite en finale contre le Lightning a fait mal, mais il a réalisé quelque chose d’exceptionn­el.

Ne me dites pas que cette défaite contre Tampa Bay est la cause des problèmes du gars du chill-out !

De celui dont on disait qu’il ne travaillai­t pas assez fort, de celui qui a brillé pendant 72 matchs de 2010-2011 après le printemps Halak, de celui qui a raté pratiqueme­nt une saison complète après avoir gagné les trophées Hart et Vézina et avant de revenir en force.

Price est aussi celui qui a permis à son équipe de revenir de l’arrière 3 à 1 contre les Maple Leafs de Toronto en séries.

Price est humain, mais il compose très bien avec la pression de jouer pour le CH. La cause de ses problèmes, selon moi, est autre et il a pris les bons moyens pour s’en sortir. Ça prendra le temps qu’il faudra, mais il rebondira. Il a tout mon appui.

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PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN CHEVALIER Carey Price, que l’on voit ici en action face à son nouveau coéquipier Christian Dvorak, alors avec les Coyotes de l’Arizona, compose très bien avec la pression de jouer à Montréal.

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