Les effets pervers de l’école « à trois vitesses »
Des voix s’élèvent pour critiquer le système éducatif québécois « à trois vitesses », avec ses programmes particuliers qui contribuent à la popularité du réseau public. Or des écoles secondaires tentent de corriger le tir.
Il y a cinq ans, le Conseil supérieur de l’éducation sonnait l’alarme : ce réseau « à trois vitesses » est inéquitable puisqu’il contribue à reproduire les inégalités sociales.
Les mieux nantis ou ceux qui ont de meilleures notes se retrouvent en forte proportion dans les écoles privées ou les programmes particuliers sélectifs des écoles publiques, alors que les élèves en difficulté sont surreprésentés dans les classes ordinaires du réseau public.
Les syndicats d’enseignants dénoncent la situation, tout comme les parents regroupés au sein du mouvement L’école ensemble.
Son coordonnateur, Stéphane Vigneault, voit dans l’augmentation de la fréquentation des écoles secondaires publiques « une légère amélioration », tout en demeurant prudent.
La hausse pourrait s’expliquer par la popularité grandissante des programmes particuliers sélectifs, qui contribuent comme le privé à renforcer les inégalités scolaires, affirme-t-il. « Encore faut-il savoir de quel public on parle. C’est là où le bât blesse », laisset-il tomber.
PROGRAMMES OUVERTS À TOUS
Or depuis quelques années, des écoles publiques tentent de corriger le tir en développant des profils intégrés dans le programme régulier qui sont ouverts à tous les élèves.
C’est le cas de l’école secondaire Roger-Comtois à Québec, où tous les élèves du premier cycle choisissent l’un des profils suivants : arts visuels, musique, multisport, football et sciences et technologie.
« Le programme général est un beau parcours pour nos élèves. […] On est quand même capable d’aller chercher leurs intérêts et on est vraiment inclusif. Le public, c’est la vraie vie », affirme sa directrice, Laurie L’Hérault.
Cette école secondaire offre néanmoins trois programmes particuliers sélectifs, qui ne sont pas accessibles à tous les élèves.
De son côté, Stéphane Vigneault reconnaît les efforts du réseau public pour offrir davantage de profils ouverts à tous. « Mais jamais ils ne vont toucher aux programmes sélectifs, ajoute-t-il. Et c’est ça, le nerf de la guerre. »