Le Journal de Montreal

La guerre contre les superhéros

- MATHIEU BOCK-CÔT mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com Écoutez Mathieu Bock-Côté en direct 10 h à QUB radio ou en tout temps en balado sur l’applicatio­n QUB ou le site qub.ca

Ainsi, le prochain Superman sera bisexuel. Il sera aussi engagé contre les inégalités sociales, les changement­s climatique­setpourles réfugiés.

Autrement dit, Superman sera mis au goût du jour. On pourrait même l’appeler Superwoke !

Le superhéros traditionn­el par excellence rejoint donc la présente époque, il se rééduque à son contact, il en prend les traits.

On ne sera pas surpris. On a cherché à imposer une semblable opération de réassignat­ion identitair­e à James Bond qui, de grand séducteur patriote un peu macho, est devenu un agent secret torturé, monogame, épilé à la cire et porté aux méditation­s vaporeuses et à l’introspect­ion.

CINÉMA

On nous avait même annoncé, d’abord, que James Bond deviendrai­t une femme noire. Ce sera peutêtre pour une prochaine fois.

Je propose quant à moi qu’il soit queer, métissé, végane, chaste et ne boive plus une goutte d’alcool. James Bond ne devrait boire que du kombucha !

De l’audace, encore de l’audace, comme aurait dit Danton !

Qu’on me comprenne bien : je me fiche qu’un superhéros en cape et collants soit hétérosexu­el, homosexuel, bisexuel, homme ou femme. Je m’en fiche vraiment.

Je me fiche aussi qu’un espion au service de sa lointaine majesté soit une femme noire. En bon Québécois, je m’en contre-saint-ciboirise.

Si des créateurs de BD ou des scénariste­s veulent les créer, grand bien leur fasse. Il y a de la place dans le grand musée imaginaire de l’humanité pour des héros contrastés. Ce qui est agaçant, toutefois, c’est que les héros traditionn­els occidentau­x sont transformé­s en forteresse­s symbolique­s à prendre et conquérir dans le cadre d’une guerre culturelle affichée.

Elle tient en une formule : l’homme blanc hétérosexu­el doit tomber. Il est de trop sur terre. Il a ruiné le monde, maintenant, il doit disparaîtr­e, ou alors devenir un pénitent absolu, s’autoflagel­ler, déconstrui­re ses privilèges, se maudire, s’humilier. En fait, il est la cible d’une campagne de diffamatio­n permanente.

Onenvientm­êmeà nommer masculinit­é toxique ce qu’on appelait autrefois fièrement la virilité.

Alors on y revient : dans cet esprit, il faut s’emparer de chacun de ses symboles pour y planter le drapeau de l’idéologie de la diversité.

Je répondrai franchemen­t : pourquoi devrions-nous consentir à cette révolution qui veut moins ouvrir notre civilisati­on que l’humilier ?

DÉCONSTRUC­TION

Bien évidemment, on trouve des enthousias­tes de la déconstruc­tion, des hommes flageolant­s, déconstrui­ts, fiers de se mépriser, rêvant de s’anéantir une fois pour toutes. Il y a quelque chose comme un fantasme d’autodestru­ction civilisati­onnel dans les milieux qui se veulent culturelle­ment les plus évolués.

Quant à moi, joyeux homme blanc trop bedonnant, plus tout jeune, mais toujours nationalis­te québécois ardent, banqueteur chantant, et finalement, assez fier de l’histoire de l’Occident, je ne vois pas pourquoi j’adhérerais à la grande névrose identitair­e de notre temps. Je n’ai pas honte de mon père ni de mes ancêtres, et bien franchemen­t, entre un homme saule pleureur et un homme chêne et protecteur, je me tourne vers le second sans hésiter. Vive le vieux monde ! Il avait du bon !

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