La verte des régions veut « démontréaliser » le climat
La députée solidaire Émilise Lessard-Therrien à la COP26
Ce n’est pas parce qu’on provient des régions qu’on ne peut pas être vert. C’est ce que compte démontrer la députée solidaire d’Abitibi-Témiscamingue Émilise Lessard-Therrien, qui s’envolera en novembre pour la conférence internationale sur le climat (COP26).
Même dans les campagnes, où le discours écologiste a parfois moins d’écho et où les gros cylindrés sont légion, les habitants sont aussi rattrapés par le réchauffement de la planète.
« Les gars qui chauffent des pickup, c’est bien des gars qui vont à la chasse aussi, et là, ils se rendent compte que la tique de l’orignal, c’est plus présent, plaide-t-elle, en entrevue. Cette année, à la chasse […] il n’y a jamais eu autant de feuilles dans les arbres, ça va être difficile. Il fait chaud et les canicules sont là et quand tu vas à la pêche et ton hélice se prend dans le myriophylle à épis, qui est une
espèce exotique envahissante, c’est concret aussi pour nous les changements climatiques ! »
Émilise Lessard-Therrien souhaite « démontréaliser » l’enjeu climatique. Évidemment, comme dans plusieurs endroits du Québec, son coin de pays est peu densément peuplé, le transport en commun y est très peu développé et les alternatives à l’auto en solo sont rares.
« BONUS-MALUS » POUR LES VUS
Qu’à cela ne tienne, les habitants des régions peuvent faire leur part pour réduire les émissions de gaz à effet de serre reliées au transport, estime la solidaire. Des systèmes d’autopartage comme Communauto et le transport interurbain doivent être encouragés.
« Ce n’est peut-être pas des métros et des tramways que ça nous prend [en région], mais ça ne veut pas dire que ça nous prend rien », insiste-t-elle.
Québec solidaire réclame la fin de la vente de véhicules à essence dès 2030, mais d’ici là, pas question de pénaliser ceux qui ont besoin de gros véhicules pour le travail ou qui ont une famille nombreuse.
Les solidaires proposent un système de « bonus-malus » à l’achat modulé en fonction du type de voiture, des régions, de la taille des ménages et du revenu.
LE 3e LIEN À GLASGOW
Et lors de son passage à Glasgow à la grand-messe mondiale sur le climat, la députée Lessard-Therrien ne va pas se gêner pour rappeler à François Legault ses devoirs et dénoncer ses dérives.
« S’il veut paraître comme un leader, il va falloir qu’il agisse comme un leader et qu’il prenne des bonnes décisions pour la crise climatique. S’il s’en va là pour défendre son projet de 3e lien comme étant un projet vert, nous, c’est clair qu’on n’embarquera pas là-dedans. On ne sacrifiera pas nos principes pour que le Québec paraisse bien s’il nous enligne tout droit dans un mur en investissant au moins 10 milliards $ dans ce projet-là, qui va juste créer plus de congestion routière », prévient-elle.
Et la jeune mère de famille n’est pas fière du bilan environnemental du Canada, qu’elle n’entend pas défendre non plus.