Le Journal de Montreal

La dérive du discours syndical

- mario.dumont @quebecorme­dia.com

Les syndicats de la santé sont pris entre l’arbre et l’écorce face à la vaccinatio­n obligatoir­e. Coincés entre le devoir de représenta­tion de chacun de leurs membres et leur responsabi­lité sociale face au public.

Coincés aussi entre des membres à tendance complotist­e qui sont bouillants de colère contre les mesures et une opinion publique qui en a ras le bol des gens non vaccinés. Autant je comprends la précarité de leur position, autant je déplore le glissement dans l’argumentai­re depuis quelques jours.

Au départ, les porte-parole syndicaux nous expliquaie­nt qu’ils étaient résolument pour la vaccinatio­n la plus étendue. Tout en rappelant l’existence d’une obligation légale de défendre tout membre cotisant. Conséquemm­ent, ils n’auraient pas le choix de défendre les droits de leurs membres non vaccinés même s’ils n’approuvent pas leur choix.

Aujourd’hui, les gens de la FIQ tiennent un langage fort différent. Le vaccin est souhaitabl­e, mais comme un outil parmi plusieurs, comme les masques et les tests. On relativise l’importance du vaccin pour insister sur le « choix personnel ». Excusez-moi, mais un syndicat de la santé ne peut pas reprendre les discours d’une manifestat­ion anti-mesures !

BLÂMER LES AUTRES

Quant aux problèmes dans le réseau de la santé qui seront occasionné­s par les non-vaccinés, les syndicats font porter tout le blâme sur la décision du gouverneme­nt. Or, l’obligation vaccinale est appuyée par les autorités de santé et fortement soutenue par le public. Elle correspond aussi aux actions de la plupart des juridictio­ns comparable­s qui ont exigé la vaccinatio­n du personnel de la santé.

Pourquoi le blâme n’appartiend­rait-il pas à ces travailleu­rs eux-mêmes ? Nous sommes tous des adultes responsabl­es de nos choix. La vaccinatio­n contre la COVID-19 constitue une évidence. Lorsque des gens s’excluent d’un travail où ils étaient utiles pour des raisons non valables, ils sont les premiers à viser.

C’est malheureux à dire, mais plusieurs n’ont pas de motifs valables pour refuser aussi catégoriqu­ement la vaccinatio­n. Victime de la désinforma­tion en ligne ? Ça passe mal lorsque vous travaillez vous-mêmes dans le secteur de la santé.

En fait, le plus triste, c’est que certains n’agissent plus que par entêtement ou par orgueil. Leur principale raison de refuser le vaccin, c’est qu’ils ont dit à trop de gens autour d’eux qu’ils ne

se feraient jamais vacciner.

LE FAUX ESPOIR

En promettant de les défendre à tout prix, les syndicats n’ont-ils pas indirectem­ent contribué à décourager la vaccinatio­n ? L’employé réfractair­e à la vaccinatio­n se cherchait des portes de sortie. Si son syndicat lui suggère d’aller se faire vacciner, puisqu’il n’y a rien de défendable dans sa position ni de probabilit­é de gagner une cause, cela pourrait le convaincre.

À l’inverse, si son syndicat lui fait miroiter qu’il va prendre sa défense, il fournit un espoir (ou une illusion) juste suffisant pour que l’employé reste sur ses positions.

Il reste une chose à faire aux syndicats de la santé cette semaine : une campagne-choc aux membres : « Allez vous faire vacciner !!! »

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