La dérive du discours syndical
Les syndicats de la santé sont pris entre l’arbre et l’écorce face à la vaccination obligatoire. Coincés entre le devoir de représentation de chacun de leurs membres et leur responsabilité sociale face au public.
Coincés aussi entre des membres à tendance complotiste qui sont bouillants de colère contre les mesures et une opinion publique qui en a ras le bol des gens non vaccinés. Autant je comprends la précarité de leur position, autant je déplore le glissement dans l’argumentaire depuis quelques jours.
Au départ, les porte-parole syndicaux nous expliquaient qu’ils étaient résolument pour la vaccination la plus étendue. Tout en rappelant l’existence d’une obligation légale de défendre tout membre cotisant. Conséquemment, ils n’auraient pas le choix de défendre les droits de leurs membres non vaccinés même s’ils n’approuvent pas leur choix.
Aujourd’hui, les gens de la FIQ tiennent un langage fort différent. Le vaccin est souhaitable, mais comme un outil parmi plusieurs, comme les masques et les tests. On relativise l’importance du vaccin pour insister sur le « choix personnel ». Excusez-moi, mais un syndicat de la santé ne peut pas reprendre les discours d’une manifestation anti-mesures !
BLÂMER LES AUTRES
Quant aux problèmes dans le réseau de la santé qui seront occasionnés par les non-vaccinés, les syndicats font porter tout le blâme sur la décision du gouvernement. Or, l’obligation vaccinale est appuyée par les autorités de santé et fortement soutenue par le public. Elle correspond aussi aux actions de la plupart des juridictions comparables qui ont exigé la vaccination du personnel de la santé.
Pourquoi le blâme n’appartiendrait-il pas à ces travailleurs eux-mêmes ? Nous sommes tous des adultes responsables de nos choix. La vaccination contre la COVID-19 constitue une évidence. Lorsque des gens s’excluent d’un travail où ils étaient utiles pour des raisons non valables, ils sont les premiers à viser.
C’est malheureux à dire, mais plusieurs n’ont pas de motifs valables pour refuser aussi catégoriquement la vaccination. Victime de la désinformation en ligne ? Ça passe mal lorsque vous travaillez vous-mêmes dans le secteur de la santé.
En fait, le plus triste, c’est que certains n’agissent plus que par entêtement ou par orgueil. Leur principale raison de refuser le vaccin, c’est qu’ils ont dit à trop de gens autour d’eux qu’ils ne
se feraient jamais vacciner.
LE FAUX ESPOIR
En promettant de les défendre à tout prix, les syndicats n’ont-ils pas indirectement contribué à décourager la vaccination ? L’employé réfractaire à la vaccination se cherchait des portes de sortie. Si son syndicat lui suggère d’aller se faire vacciner, puisqu’il n’y a rien de défendable dans sa position ni de probabilité de gagner une cause, cela pourrait le convaincre.
À l’inverse, si son syndicat lui fait miroiter qu’il va prendre sa défense, il fournit un espoir (ou une illusion) juste suffisant pour que l’employé reste sur ses positions.
Il reste une chose à faire aux syndicats de la santé cette semaine : une campagne-choc aux membres : « Allez vous faire vacciner !!! »