Le Journal de Montreal

Des millions dans une société soupçonnée de blanchimen­t

La Caisse refuse de dévoiler sa part dans une ronde de financemen­t de 400 M$

- FRANCIS HALIN WestCap a été mise sur pied par un ancien dirigeant d’Airbnb, Laurence Tosi.

Alors que l’Autorité des marchés financiers (AMF) invite à se méfier du buzz de cryptomonn­aies, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) vient d’annoncer une ronde de 400 M$ US avec WestCap dans la firme de cryptos controvers­ée Celsius Network.

« Pour pallier le risque d’activités criminelle­s, Celsius a mis en place des protocoles de vérificati­on d’identité suivant des standards reconnus comme le KYC (connaissan­ce du client) et AML (anti-blanchimen­t) », a répondu la porte-parole de la Caisse Elena Gabrysz quand Le Journal lui a demandé si les accusation­s de blanchimen­t d’argent de cryptos sont une préoccupat­ion.

Fin septembre, les autorités réglementa­ires américaine­s de l’État du Kentucky ont ordonné à Celsius d’arrêter d’offrir certains types de comptes, a rapporté Bloomberg. Cette interdicti­on faisait suite à celle des régulateur­s du Texas, de l’Alabama et du New Jersey, selon le média économique.

Hier, en journée, Alex Mashinsky, chef de la direction de Celsius Network, dont

l’actif dépasse les 25 milliards $ US, n’était pas disponible pour une entrevue. Par communiqué, Celsius a mentionné qu’elle se servira des fonds pour élargir sa gamme de produits et doubler son équipe de 486 employés, pour atteindre un nombre de près de 1000.

RÉGLEMENTA­TION À ADAPTER

Au Journal, la Caisse a indiqué que chaque investisse­ment fait l’objet d’une analyse rigoureuse et que Celsius travaille de façon « constructi­ve » avec les autorités et qu’elle continue « d’adapter son modèle d’affaires ».

« La CDPQ croit qu’une réglementa­tion de l’industrie est nécessaire afin d’encadrer ses pratiques et assurer la protection des consommate­urs et a l’intention de promouvoir cette idée via cet investisse­ment », a ajouté Elena Gabrysz, de la Caisse de dépôt.

Pour Simon Dermarkar, professeur agrégé au départemen­t de sciences comptables de HEC Montréal, le fait que la Caisse mise ses oeufs dans une firme de cette industrie est encouragea­nt.

« La Caisse va poser les bonnes questions. Elle va s’assurer de la légalité de la chose. Elle va peut-être même aider à ce que l’encadremen­t réglementa­ire se fasse de manière plus sophistiqu­ée », a-t-il analysé.

« Étant donné qu’il n’y a pas la même quantité d’informatio­ns dévoilées sur ces entreprise­s que sur les sociétés publiques, c’est plus difficile d’évaluer à la fois les risques et les opportunit­és de ces projets-là », a observé de son côté Denis Schweizer, professeur de finance à l’Université Concordia.

Hier, l’Autorité des marchés financiers (AMF) n’a pas pu répondre aux questions du Journal sur la firme Celsius. Au début du mois, l’AMF a publié une capsule intitulée « Cryptos? Les fraudeurs peuvent en profiter...».

« L’Autorité souhaite sensibilis­er les investisse­urs sur le fait que l’acquisitio­n de cryptos peut être risquée. Les fraudeurs peuvent en profiter et les risques de volatilité sont élevés. Il est possible de perdre beaucoup d’argent », avait-elle prévenu.

 ?? PHOTO TIRÉE DE TWITTER ?? Le chef de la direction de Celsius Network, Alex Mashinsky (premier à partir de la gauche), souligne sur LinkedIn qu’il a fondé trois entreprise­s valant plus d’un milliard de dollars américains. On le voit ici en compagnie d’investisse­urs satisfaits, la semaine dernière.
PHOTO TIRÉE DE TWITTER Le chef de la direction de Celsius Network, Alex Mashinsky (premier à partir de la gauche), souligne sur LinkedIn qu’il a fondé trois entreprise­s valant plus d’un milliard de dollars américains. On le voit ici en compagnie d’investisse­urs satisfaits, la semaine dernière.

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