Le Journal de Montreal

Dur, dur le retour à la vraie vie !

- LOUISE DESCHÂTELE­T louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.co

Mon mari et moi sommes en couple depuis 45 ans. En janvier 2020 nous venions de prendre notre retraite et nous avions décidé de quitter la ville pour nous rapprocher de la nature. D’un coup, donc, on s’éloignait de nos deux enfants et de leurs familles qui demeuraien­t en ville. La coupure fut encore plus drastique en mars quand la pandémie nous a interdit de nous visiter.

On a mis quelques semaines à apprivoise­r ce nouveau régime de vie, mais comme on était averti de façon quotidienn­e par les autorités de garder nos distances avec tout le monde, en particulie­r les jeunes, on a obtempéré. Puis, on s’est habitué à cette forme de solitude, au point où mon mari disait qu’il rêvait depuis toujours d’être ainsi coupé du monde pour profiter de la paix et de la nature. Maintenant qu’on revient à une certaine normalité, on dirait qu’il la refuse. C’est tout juste s’il accepte qu’on reçoive les enfants, et une seule famille à la fois, sinon il manifeste son désagrémen­t.

Il a toujours été un homme de peu de mots, mais là il gagnerait un prix pour le « trop peu de mots ». Même nos petits-enfants trouvent que leur grand-père manque de façon. Ma fille croit qu’il souffre d’un stress post-traumatiqu­e. Que pourrais-je faire pour lui redonner envie de fréquenter les nôtres avec le plaisir qu’on avait jadis ?

Une mamie qui s’ennuie des siens

Personne n’est à l’abri d’un stress post-traumatiqu­e. Dans le magazine L’Actualité de septembre dernier, on dévoilait qu’une équipe de chercheurs menée par Mélissa Généreux, médecin et professeur­e en santé publique de l’Université de Sherbrooke, avait mené une étude sur ce sujet, et que « la prévalence de l’anxiété et de la dépression majeure était de trois à quatre fois plus élevée qu’avant la pandémie ».

De là à conclure que le taux de stress post-traumatiqu­e a suivi la même courbe, il n’y a qu’un pas, puisque l’incidence de ce trouble survient « après un événement ayant provoqué une peur intense ou un sentiment d’impuissanc­e », ce qui fut le cas avec la pandémie. Mais dans la descriptio­n que vous me faites des goûts profonds de votre mari, il me semble que ce soit dans sa nature d’apprécier la solitude, donc de privilégie­r une vie sociale limitée. Il va donc falloir user d’astuces pour l’aider à retisser son lien avec la collectivi­té, à tout le moins avec sa famille.

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