Où étaient Bergevin et Molson ?
Marc Bergevin est-il déjà sur son départ ? Sinon comment expliquer son absence à la rencontre de presse annonçant la prolongation de contrat de Nick Suzuki ? La coutume veut que le directeur général soit présent lorsqu’il accorde un gros contrat à l’un de ses joueurs. Le propriétaire est souvent sur place, lui aussi.
Or, pas de trace de Geoff Molson ni de Bergevin, hier midi, au complexe d’entraînement du Canadien, à Brossard.
Vous aurez probablement remarqué, d’ailleurs, que M. Molson ne s’est pas adressé aux journalistes depuis longtemps.
Il n’était pas là non plus au bilan de la saison dernière, qui s’était pourtant terminée avec une place en finale de la Coupe Stanley.
LE DG EST BLESSÉ
C’est par un laconique commentaire en une phrase que Bergevin a résumé la prolongation de contrat consentie à Suzuki.
« Nous sommes heureux de nous assurer les services de Nick pour les huit prochaines saisons », pouvait-on lire dans le communiqué diffusé par le Canadien.
Je sais pourquoi Bergevin n’était pas au côté de Suzuki pour cette belle occasion. Le coeur n’y était pas, tout simplement.
Pas besoin d’être un génie pour savoir que Bergevin est déçu de sa propre situation contractuelle. On l’a senti chaque fois que le sujet a été abordé lors de ses dernières rencontres avec les médias.
S’il croyait avoir l’estime de Geoff Molson, il doit se dire encore plus maintenant que les sentiments n’ont pas leur place en affaires.
Car le fossé séparant les deux hommes dans leurs pourparlers pour que leur association se prolonge au-delà de la saison qui s’amorce ce soir est bel et bien d’ordre pécuniaire.
PASSATION DES POUVOIRS
Bergevin a néanmoins convaincu son patron que Suzuki est le joueur qu’il lui faut pour les neuf prochaines saisons, en incluant celle qui commence.
Si Bergevin est dans le noir concernant son avenir, il vient de donner le signal de la passation des pouvoirs dans le vestiaire.
À ses yeux, Suzuki est le futur joueur de concession du Canadien. Le jeune homme de 22 ans a joué un rôle de premier plan dans la folle épopée du Tricolore dans les dernières séries.
Suzuki est déjà appelé à prendre de plus en plus de place dans la formation avec les absences de Shea Weber et de Carey Price.
UN PLACEMENT BIEN CALCULÉ
C’est un grand témoignage de la confiance que lui accorde le Canadien en investissant 63 millions $ sur sa tête. Aucun attaquant n’avait eu droit à pareil engagement financier avant lui dans l’histoire de l’organisation.
Certains disent que c’est trop d’argent pour un joueur qui a encore tout à prouver.
Mais ne dit-on pas que le Canadien a récompensé Brendan Gallagher pour ce qu’il a fait dans le passé et non pour ce qu’il sera en mesure de faire au cours des six prochaines campagnes, considérant son âge et l’usure de son corps ?
Comme les joueurs marginaux sont les seuls à signer des contrats d’un an, il ne sert à rien de s’étendre sur la pertinence d’accorder des ententes à long terme.
Ainsi vont les choses dans la loi de l’offre et de la demande.
Regardons seulement le cas de Jesperi Kotkaniemi.
UN PATRICE BERGERON EN DEVENIR
Suzuki a progressé à ses deux premières saisons dans la Ligue nationale et à moins d’imprévus, il continuera sur sa lancée au cours des prochaines années.
Il est un diamant brut à polir.
Son embauche à long terme n’est pas le fruit du hasard. Le jeune a une bonne tête sur les épaules. Il est intelligent sur la patinoire.
Claude Julien a déjà tracé un parallèle entre lui et Patrice Bergeron, qu’il a eu le bonheur de diriger pendant 10 saisons à Boston.
La comparaison est bonne.
Si Suzuki reste humble, comme il en a exprimé le désir, hier, il ira loin et le Canadien se félicitera de lui avoir consenti cette généreuse prolongation de contrat.