Le Journal de Montreal

Les ex-travailleu­rs d’Aveos bientôt fixés

Plus de 150 millions $ de dédommagem­ents sont en jeu pour préjudices économique­s et psychologi­ques

- MARTIN JOLICOEUR

Le procès qui oppose Air Canada aux anciens travailleu­rs d’Aveos depuis maintenant trois semaines entame sa dernière ligne droite alors que débutera mardi l’ultime étape des plaidoirie­s.

Devant la juge Marie-Christine Hivon de la Cour supérieure du Québec, les équipes d’avocats de chacune des parties disposeron­t de trois jours pour exposer à tour de rôle leurs arguments et rappeler à sa mémoire ceux qui, de leur avis, devraient être retenus.

Si les plaignants l’emportent, le transporte­ur aérien pourrait avoir à débourser au-delà de 150 M$ de dédommagem­ents aux quelque 2600 anciens salariés – dont 1800 du Québec – qui ont perdu leur emploi à la suite de la fermeture d’Aveos, en mars 2012. Leur combat dure donc depuis presque une décennie.

DES VIES BRISÉES

« On ne peut pas prédire ce que sera l’issue de ce procès. Mais quoi qu’il advienne, estime le professeur de gestion et expert en aéronautiq­ue de l’UQAM Mehran Ebrahimi, ces quatre semaines d’audience auront quand même valu la peine. Ne seraitce au moins pour rappeler dans quelle circonstan­ce l’expertise reconnue de Montréal dans la maintenanc­e d’aéronefs a complèteme­nt été bousillée. »

Aveos a fait faillite en 2012 après qu’Air Canada, responsabl­e de 90 % de ses revenus, lui eut retiré une bonne partie de ses contrats de maintenanc­e. Ses ex-employés allèguent qu’en agissant de la sorte, Air Canada a fait fi de ses obligation­s, prévues dans sa loi constituan­te de 1988, qui l’obligeait à maintenir des centres de révision et d’entretien à Montréal, Mississaug­a et Winnipeg.

L’action collective, initiée depuis 2017, est menée par un ancien employé d’Aveos, Gilbert McMullen. Au nom de ses anciens collègues, il réclame une compensati­on pour l’ensemble des préjudices économique­s, psychologi­ques et moraux découlant de la fermeture des centres de révision qu’Air Canada avait l’obligation légale de maintenir.

ROVINESCU À LA BARRE

Au cours des trois dernières semaines, des dizaines d’ex-travailleu­rs, de cadres, d’actuaires et d’experts en tout genre sont passés à la barre pour témoigner de leur expérience. Du lot, la vidéoconfé­rence depuis Toronto de l’ex-PDG d’Air Canada, Calin Rovinescu, fut particuliè­rement remarquée.

Plus d’une dizaine d’avocats sont impliqués dans ce dossier depuis des semaines. La journée de mardi prochain sera consacrée aux plaidoirie­s des demandeurs, représenté­s par Trudel, Johnston & Lespérance et Jean-François Bertrand Avocats.

Les deux jours suivants seront réservés aux plaidoirie­s de la défense, représenté­e par le cabinet Stikeman Elliott, et à la réplique des demandeurs.

Si tout se déroule comme prévu, ce procès prendra fin le 28 octobre.

 ?? AGENCE QMI, SÉBASTIEN ST-JEAN ?? Un groupe d’ex-travailleu­rs d’Aveos accueillan­t avec joie une des nombreuses décisions des tribunaux en leur faveur, dans leur lutte contre Air Canada.
AGENCE QMI, SÉBASTIEN ST-JEAN Un groupe d’ex-travailleu­rs d’Aveos accueillan­t avec joie une des nombreuses décisions des tribunaux en leur faveur, dans leur lutte contre Air Canada.

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