Le Journal de Montreal

Implanter une politique de cyberdéfen­se pour éviter le pire

Même avec les meilleurs logiciels, les employés doivent être sensibilis­és

- STÉPHANE DESJARDINS Collaborat­ion spéciale

Quelles mesures une PME doit-elle implanter pour se protéger contre les cyberattaq­ues ?

« Avant de changer quoi que ce soit, il faut identifier les systèmes, données, actifs, applicatio­ns et fournisseu­rs critiques aux opérations de l’entreprise, explique Guillaume Caron, présidentd­irecteur général de VARS, division en cybersécur­ité de Raymond Chabot Grant Thornton. Et ça passe par une évaluation de la posture de sécurité, ou audit. »

On confie une telle opération à un expert, pas au beau-frère ou au responsabl­e des TI, qui n’a souvent pas le recul approprié pour déceler les failles recherchée­s. On parle ici d’une dépense de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers de dollars, selon la taille et la complexité de l’entreprise.

NORMES À RESPECTER

Une fois déterminés les risques, les écarts, les vulnérabil­ités, les lacunes et les contrôles que l’on souhaite implanter, on peut se donner un objectif, comme se conformer à une norme de cybersécur­ité (par exemple ISO 27001 ou DSS).

« De nos jours, il est incontourn­able d’investir pour se conformer à de telles normes, tranche Frédéric Bove, directeur général de Prompt, un regroupeme­nt sectoriel de recherche en TI. Sinon, tôt ou tard, vous allez perdre des contrats, peu importe la taille de votre entreprise. » Évidemment, le choix d’une norme dépend du secteur d’activité et des opérations visées (production, distributi­on, commerce en ligne, gestion…).

QUI FAIT QUOI ?

L’étape suivante, c’est d’appliquer la nouvelle stratégie soi-même, si on dispose de l’expertise interne, ou avec un spécialist­e. Ce dernier va aider à fournir et gérer les technologi­es appropriée­s, à écrire les politiques de cybersécur­ité et à offrir des conseils pour les processus de gestion.

L’important, c’est d’établir une politique claire, facile à comprendre et à implanter. « Elle doit expliquer les processus à suivre avant, pendant et après un incident de sécurité », poursuit M. Caron. Par exemple :

• Y a-t-il un responsabl­e attitré à la sécurité ?

•Comment sont réalisées les vérificati­ons ?

• Comment gère-t-on les copies de sécurité, à quelle fréquence, qui est le responsabl­e, qui les vérifie ?

• Qui forme le comité de gestion de risque et à quelle fréquence se réunit-il ? Évidemment, l’élément humain est au coeur d’une bonne stratégie de cyberdéfen­se. Et la politique de l’entreprise abordera la formation et la responsabi­lisation des employés.

« Un programme de sensibilis­ation et de formation routinière est incontourn­able, poursuit M. Caron. Tous les employés doivent comprendre les menaces et maîtriser les bons comporteme­nts. La politique prévoit des contenus poussés

et adaptés aux employés clés, membres du conseil d’administra­tion et équipes techniques. »

SURVEILLAN­CE

Autre élément important de toute stratégie de cyberdéfen­se : la surveillan­ce axée sur la détection des menaces en temps réel sur 24 heures. Les PME sont habituelle­ment très peu outillées en ce domaine. Une telle surveillan­ce détecte pourtant les comporteme­nts anormaux (vol de données, hameçonnag­e, attaques de rançon).

On peut simplement implanter une applicatio­n, comme SentinelOn­e, ou faire appel à un centre de surveillan­ce. Il faudra prévoir un budget mensuel de quelques centaines à plusieurs milliers de dollars par mois, quel que soit le nombre d’employés.

« J’ai des clients qui bénéficien­t de ce service et qui n’ont qu’un seul poste de travail », révèle Guillaume Caron.

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PHOTO D’ARCHIVES En plus d’une politique pour prévenir les cyberattaq­ues, les employés des PME doivent être formés et sensibilis­és aux enjeux de sécurité informatiq­ue.

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