Le Journal de Montreal

UN FIER AMBASSADEU­R CANADIEN

Un Torontois vit l’engouement pour l’équipe de la LNH dans son restobar où le hockey est à l’honneur

- STÉPHANE CADORETTE Le Journal de Québec

SEATTLE | En plein soir de semaine, il y a foule dans un petit établissem­ent dont les murs sont jonchés de chandails de hockey. Sur les nombreux écrans, que des matchs de la LNH. Au menu, la poutine est à l’honneur. On se croirait presque au Canada dans ce petit resto-bar.

Le Angry Beaver revit à Seattle après de nombreux obstacles, grâce au dévouement d’un Torontois et à l’entrée en scène du Kraken.

Mardi autour de 19 h, heure du Pacifique, un petit attroupeme­nt s’époumone.

« Shoot ! », hurlent en choeur les joyeux drilles entre deux gorgées dès qu’un joueur du Kraken s’amène en zone offensive.

Les Devils du New Jersey mènent 3 à 1 et le temps commence à manquer en troisième période. Soudaineme­nt, en avantage numérique, Jared McCann marque et les murs du Angry Beaver tremblent sous les hurlements. Les réjouissan­ces sont de courte durée, quand un but des Devils dans un filet désert met fin aux hostilités. Dommage, le fun était pris dans la cabane.

Tim Pipes, qui a grandi à Toronto, a l’habitude de ces scènes par les temps qui courent.

« Ce sera fantastiqu­e samedi [aujourd’hui]. Les gens sont super excités et ce sera tout un party », lance-t-il au sujet du premier match local du Kraken, lors d’une petite pause pour prendre l’air frais.

POUR LA MUSIQUE GRUNGE

À la base, Tim Pipes s’amenait à Seattle en 1991 dans l’espoir de devenir une vedette du rock, dans l’émergence du mouvement grunge qui a caractéris­é cette ville.

À 40 ans, c’est plutôt dans le monde des technologi­es qu’il a décroché un emploi de bureau. Un mode de vie qui ne l’a jamais allumé. En 2012, l’appel du changement est devenu trop fort.

« Je me suis mis à regarder des commerces à vendre avec l’idée d’un bar de hockey. J’ai vu le local et en 30 secondes, même si je n’avais aucune idée comment opérer un bar, je me suis dit : “quelle belle place pour travailler en regardant mes Leafs !” » raconte-t-il, amusé.

SÉRIE DE MALHEURS

Puis, tout à coup, première brique : le lock-out de la LNH en 2012. Pas génial pour un commerce basé sur le hockey.

Pire encore, en 2016, une explosion à la suite d’une fuite de gaz dans un bâtiment de l’autre côté de la rue a provoqué un incendie et les flammes ont ravagé jusqu’à son bien-aimé Angry Beaver.

Plus de 300 000 $ de dégâts plus tard, il n’a pas lâché le morceau et le bar est devenu une cathédrale locale du hockey… jusqu’à ce que la pandémie frappe.

« À ce moment, j’étais brisé. Je me suis dit : “qu’est-ce qu’il faut donc que je fasse pour que ce foutu bar fonctionne ?” » se remémore le verbomoteu­r, la voix cassée.

UN ANGE ET DE NOUVEAUX CLIENTS

À l’initiative d’un ami, une collecte de sociofinan­cement GoFundMe a permis à Tim Pipes de sortir la tête de l’eau. Et ce n’était rien en comparaiso­n de l’entrée en scène du Kraken, qui lui a amené une nouvelle clientèle de passionnés.

« J’ai fait tout ça parce que je ne suis qu’un pauvre Canadien qui aime le hockey et qui voulait recommence­r à suivre la LNH. Quand le Kraken a commencé, même dans les matchs préparatoi­res, j’ai vu plein de nouveaux clients arriver », indique-t-il.

« Au premier match de la saison à Las Vegas, c’était complèteme­nt fou. Quand le Kraken a nivelé la marque à 3 à 3 et que je voyais la joie sur les visages de tous les partisans euphorique­s dans le bar, j’étais incapable de parler. Jamais je n’avais eu autant le motton dans la gorge », s’exclame le sympathiqu­e personnage.

UN TATOUAGE

Au fil des ans, Tim Pipes n’en a toujours eu que pour les Leafs. Aujourd’hui, un tatouage sur son bras gauche à l’effigie du Kraken démontre que son ADN se modifie.

« Même si j’aime encore Toronto, tu ne me verras jamais avec un tatouage des Leafs. C’est trop dur d’être partisan de cette équipe, surtout depuis ce qui vient d’arriver en séries contre Montréal. Je suis établi à Seattle avec un bar de hockey, donc… Go Kraken ! »

Son petit bled, devenu une institutio­n locale pour les amateurs de hockey, lui a même valu d’être reconnu par le Kraken. L’organisati­on l’a remercié pour son dévouement pour le sport en lui donnant un abonnement de saison.

Pas trop mal pour un petit Canadien qui aime le hockey…

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 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? 1. Dès que le Kraken marque, l’ambiance tourne à la fête au Angry Beaver. 2. Tim Pipes montre fièrement sa nouvelle allégeance, lui qui s’est fait tatouer le logo du Kraken sur le bras gauche. 3. Ilyaeu des jours moins heureux, comme lorsqu’une explosion dans un commerce avoisinant a provoqué d’importants dommages.
PHOTOS COURTOISIE 1. Dès que le Kraken marque, l’ambiance tourne à la fête au Angry Beaver. 2. Tim Pipes montre fièrement sa nouvelle allégeance, lui qui s’est fait tatouer le logo du Kraken sur le bras gauche. 3. Ilyaeu des jours moins heureux, comme lorsqu’une explosion dans un commerce avoisinant a provoqué d’importants dommages.
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