Une suppléante veut devenir enseignante
Julie Stea n’a pas de diplôme en enseignement. Elle travaille toutefois depuis cinq ans dans le réseau scolaire et souhaite que son expérience soit reconnue afin qu’elle puisse continuer à faire ce qui la passionne : enseigner.
Après avoir terminé des études en interprétation de la musique, Julie Stea a fondé sa propre école de musique il y a maintenant une quinzaine d’années. Ayant grandi dans une famille d’enseignants, elle a décidé de tenter sa chance dans le réseau scolaire il y a cinq ans.
Mme Stea a fait de la suppléance à plusieurs niveaux, en plus d’avoir enseigné la musique et l’art dramatique à de nouveaux arrivants. L’an passé, elle a été embauchée grâce à une tolérance d’engagement dans une classe de maternelle quatre ans où la quasi-totalité des enfants n’avait pas le français comme langue maternelle.
« Ça s’est vraiment bien passé », ditelle, grâce notamment à l’encadrement fourni par une conseillère pédagogique.
Cette année, Mme Stea a été appelée à deux jours de la rentrée pour prendre en charge un nouveau groupe de maternelle, le temps que le poste soit pourvu deux semaines plus tard par une finissante en enseignement qui n’avait jamais encore fait de suppléance. « Ç’a été un peu frustrant. J’aurais vraiment voulu rester au préscolaire, mais en n’étant pas légalement qualifiée, c’était impossible », laisse-t-elle tomber.
« DÉCOURAGEANT »
« C’est vraiment décourageant. On n’est pas du tout considéré, on n’est pas du tout valorisé, et quand on veut se qualifier légalement, c’est très très très difficile de le faire », ajoute-t-elle.
L’option la plus courte qui lui permettrait d’obtenir son brevet d’enseignement serait de compléter une maîtrise qualifiante, destinée à ceux qui ont déjà un baccalauréat dans une discipline connexe. Cette formation à temps partiel peut en théorie être complétée en quatre ans.
Mais en réalité, plusieurs y mettent beaucoup plus de temps. « Mon frère, qui avait une maîtrise en biochimie, ça lui a pris sept ans avant de compléter sa formation pour enseigner. À 47 ans, je n’ai plus cette énergie-là. Ce n’est pas une option pour moi », affirme cette mère monoparentale qui a deux adolescents à la maison.
Mme Stea déplore qu’il n’y ait qu’un seul chemin qui mène au brevet d’enseignement. « Il y a une pénurie maintenant. Il faut trouver une autre voie pour nous donner accès rapidement à la profession. La maîtrise qualifiante, ça n’a juste pas de bon sens. »