La parole aux agriculteurs
Le monde agricole traverse une crise dévastatrice. Entre sécheresse, manque de main-d’oeuvre et marchés financiers instables, des problématiques accentuées par la pandémie, les producteurs québécois tentent de maintenir leur entreprise à flot pour, ultimement, pouvoir continuer de nourrir le Québec. La série documentaire De pied ferme, disponible sur la plateforme Vrai, leur donne la parole.
Diane, une productrice maraîchère de Sherrington, raconte dans un épisode de la série De pied ferme comment la pandémie a retardé l’arrivée des travailleurs saisonniers qui débarquent normalement chez elle au début du mois d’avril, entraînant ainsi un retard d’opération au moment où la demande de fruits et légumes locaux n’avait jamais été aussi élevée.
À La Malbaie, Mathieu, producteur de porcs, a failli devoir euthanasier 125 000 cochons, en raison d’une éclosion à l’abattoir. Et Pascal, un producteur maraîcher d’Oka qui cultive des zucchinis et des chouxfleurs, ne mâche pas ses mots en parlant de l’invitation lancée par François Legault aux Québécois l’an dernier, à aller travailler dans les champs pour prêter main-forte aux agriculteurs ; ce type d’employé, clame Pascal, « personne n’en voulait », les travailleurs étrangers étant éminemment plus rapides que ces gens.
CONSCIENTISATION
Ce ne sont là que quelques échantillons de témoignages cueillis dans les six heures de la série documentaire De pied ferme, rare portrait de l’agriculture québécoise dépeinte par ceux et celles qui la font vivre quotidiennement. Qu’ils élèvent poissons, lapins ou porcs, peu importe leur région, les protagonistes s’expriment sans tabou et sans crainte de représailles à la caméra de la réalisatrice Sofi Langis, qui scénarise le projet avec sa partenaire Alexandra Cliche-Rivard. Tout a été filmé de mai 2020 à février 2021.
Les fondatrices de la maison de production Impact TV ont fait connaissance au magazine Vice et souhaitaient, avec De pied ferme, apporter un regard empathique sur leur sujet et sur les personnes interviewées qui, selon elles, se sentaient « incomprises ». Chacun doit vivre avec sa réalité propre, mais les différents types de producteurs ont aussi beaucoup en commun, rappelle Sofi Langis.
« Par exemple, la sécheresse touche autant les producteurs maraîchers que les producteurs bovins qui doivent nourrir leur troupeau au foin. Les changements climatiques, la maladie, les insectes, la vie personnelle et familiale, la détresse psychologique et les limites du marché et de l’industrie sont des enjeux importants de la série », explique la cinéaste.
Sofi Langis et Alexandra Cliche-Rivard espèrent ainsi piquer la curiosité du public et ouvrir une prise de conscience générale sur notre système agroalimentaire et ses artisans.
« On s’adresse à tout le monde qui mange, simplifie Sofi Langis. [...] on espère que les gens vont s’attacher aux agriculteurs et à leur histoire. Beaucoup d’informations sont révélées simplement à travers ce qu’ils vivent. On sort des six épisodes avec plein de questions, et ça nous
habite un certain temps après. »
La série documentaire De pied ferme est disponible sur la plateforme Vrai.