Québec sommé d’agir dans le dossier des profs non qualifiés
La présence sous-estimée de milliers d’enseignants non légalement qualifiés dans les écoles du Québec a fait sursauter les syndicats et les partis d’oppositions qui somment le gouvernement d’agir.
« Ce n’est vraiment pas normal, c’est préoccupant et c’est grave », déplore Véronique Hivon, porte-parole du Parti Québécois en matière d’éducation.
Rappelons que Le Journal révélait hier qu’environ 30 000 enseignants au Québec ne sont pas légalement qualifiés, d’après des données obtenues par deux chercheuses de l’Université TÉLUQ.
« C’est sûr que ça a un impact sur la qualité de l’enseignement offert. Et pour un élève, d’avoir un enseignant qui n’est pas qualifié, ça envoie un drôle de message à l’importance qu’on accorde à l’éducation », lance pour sa part Christine Labrie, députée de Québec solidaire.
Les deux femmes demandent au gouvernement d’agir promptement dans ce dossier. Notamment en offrant une plus grande flexibilité au niveau de la formation des futurs enseignants.
RÉDUIRE LA CHARGE DE TRAVAIL
L’ajout de maîtrises qualifiantes dans les régions et l’embauche de personnel retraité permettrait aussi de faire face à la crise actuelle, croit-on.
« Ça fait des années qu’on dit au gouvernement que ça ne fonctionne plus en éducation, qu’on n’est plus capable d’attirer des travailleurs, et qu’on propose des solutions. Mais on n’a pas été écoutés », peste Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement.
Pour elle, on ne pourra renverser la tendance qu’en donnant le goût aux enseignants sans qualifications d’aller chercher leur formation et en améliorant la rétention des nouveaux travailleurs.
Pour ce faire, il faut réduire la charge de travail, notamment en rééquilibrant la composition des classes, croit-elle.
« En épurant les classes de nos meilleurs élèves, en intégrant les élèves en grande difficulté et en ne donnant pas de soutien à ces élèves-là, on a rendu la tâche épouvantable », explique-t-elle.
PAS DES INCOMPÉTENTS
Questionné, le ministre de l’Éducation s’est fait avare de commentaires.
Il ne semblait pas inquiété outre mesure par les données présentées par Le Journal, s’arrêtant au fait qu’elles incluaient les étudiants en éducation qui sont appelés à faire de la suppléance.
« Ce ne sont pas des personnes qui sont incompétentes. Je pense que nos jeunes ont d’excellents enseignants dans leur classe », a affirmé Jean-François Roberge.