Les plaintes pour profilage ont triplé
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a vu les dossiers bondir en trois ans
Les plaintes liées au profilage racial ont triplé en trois ans à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ).
Pendant que le débat sur le racisme systémique fait rage au Québec, les plaintes en lien avec le profilage s’accumulent.
Le nombre de dossiers ouverts est passé de 28 en 2018-2019, à 46 l’année suivante, avant d’atteindre 86 en 2020-2021. Et depuis le 1er avril dernier, 30 plaintes ont déjà été déposées à la Commission.
Ce sont surtout les corps policiers qui sont visés.
« Le profilage racial doit être fait par une personne qui est en situation d’autorité, donc ça peut être des agents de sécurité, dans des écoles, mais la plupart concernent des corps policiers », précise Meissoon Azzaria, porte-parole à la CDPDJ.
Les raisons exactes de cette hausse n’ont pas été établies par la Commission, mais elle pourrait s’expliquer par une meilleure connaissance des citoyens de leurs droits.
« Dans les dernières années, il en a été beaucoup question. Il y a eu beaucoup de manifestations, le meurtre Georges Floyd, donc c’est sûr que la sensibilisation du public est plus grande », fait valoir Mme Azzaria.
« ON S’HABITUE À CES SITUATIONS, ON VIT AVEC NOTRE COULEUR. MAIS CE N’EST PAS LE CAS DE TOUS. IL Y EN A QUI SONT STRESSÉS. » – Ludovic Dubé
UN PROBLÈME PRIS AU SÉRIEUX
Didier Deramond, directeur général de l’Association des directeurs de police du Québec, admet que cette hausse est préoccupante, mais il affirme que des efforts sont déployés pour y remédier.
« On vise de bien vivre ensemble, indique M. Deramond. On essaie d’arriver avec des solutions inclusives et durables. »
Il souhaite notamment la collaboration avec les minorités visibles et les organismes communautaires afin de faciliter la compréhension des enjeux vécus de part et d’autre.
Par ailleurs, l’École nationale de police du Québec (ENPQ) a ajouté des formations sur les enjeux sociaux liés aux minorités culturelles dans le programme de technique policière.
« On fait des ateliers thématiques sur les enjeux de profilage racial et social et on fait la distinction avec le profilage criminel », précise Pierre Savard, directeur de la formation initiale en patrouille-gendarmerie à l’ENPQ.
LES POLICIERS PRÉOCCUPÉS
La Fédération des policiers et policières municipaux du Québec (FPMQ) se dit aussi sensible au problème.
« Le fondement de la police, c’est aussi d’avoir la confiance du public. On sera toujours interpellés afin de faire mieux et d’établir ce lien de confiance », fait valoir François Lemay, président de la FPMQ.
Il insiste toutefois sur un élément important : les policiers ont le mandat d’arrêter les criminels — peu importe leurs origines — et le profilage racial ne doit pas devenir une crainte qui influence négativement leur façon de travailler.