Le Journal de Montreal

Labeaume quitte le coeur léger

- KARINE GAGNON karine.gagnon @quebecorme­dia.com

Depuis quelques jours, le départ de Régis Labeaume de l’hôtel de ville de Québec se concrétise : il a vidé son bureau, ramené à la maison les photos de ses proches et ne rêve que d’une chose, c’est d’aller soigner son interminab­le grippe sous le soleil.

« Mon corps est en ruine », lance le coloré personnage, qui a l’impression d’attraper tous les microbes qui passent – sauf la COVID – depuis qu’il a annoncé son départ en mai, après 14 ans à la mairie de Québec.

Tout cela, c’est le résultat de l’adrénaline qui est tombée, analyse le principal intéressé. « Comme disait ma mère, il faut que je me repose le génie ! »

En dehors de ces ennuis de santé mineurs, Régis Labeaume s’apprête à entrer dans sa nouvelle vie avec sérénité. « Je craignais ça, ce qui allait se passer entre les deux oreilles, mais ça se passe très bien », souffle celui qui dit n’avoir éprouvé absolument aucun regret depuis qu’il a annoncé ce départ, qu’il planifiait depuis des années.

La pédale au fond, il dit être tanné de vivre comme ça. « Je veux vraiment changer de vie. » Il s’est acheté un nouveau téléphone, une tablette. « Il faut que je redevienne autonome. Ç’a l’air aussi, selon mes enfants, qu’il faut je réapprenne à conduire. »

PLUS BELLE JOB

La plus belle job du monde, comme il l’a souvent qualifiée, vient avec son lot d’inquiétude­s, avec l’impression « qu’à la mairie de Québec, on est responsabl­e de tout ». Régis Labeaume affirme ne pas s’être encore débarrassé de cette « chape de plomb » qui vient avec.

Le maire sortant considère qu’il ne lui reste maintenant qu’un défi. « Il va me rester une petite étape à passer, c’est-àdire de ne plus travailler. Je ne sais pas à quoi ça ressemble moi, se lever le matin et ne pas avoir les épaules qui relèvent en lisant le journal, en n’ayant pas l’impression d’être responsabl­e de quelque chose. »

Régis Labeaume ne pouvait tolérer ne serait-ce qu’une plage horaire de 30 minutes libre, qu’il finissait toujours par combler, confie son attaché de presse, François Moisan. « Je suis un hyperactif, j’ai toujours été comme ça », convient l’élu, qui avait l’habitude de rentrer à l’hôtel de ville pour « calmer le hamster qui tourne sans arrêt ».

LA SUITE

Cette semaine, le maire sortant complétera une série de 15-20 entrevues à Québec et Montréal « parce qu’il a reçu des demandes », souligne-t-il.

« Je suis rassasié, je ne suis pas sûr que ça va me manquer », répond-il lorsqu’on lui demande s’il s’ennuiera de cette vie publique, où son opinion était rapportée chaque semaine.

Après quoi, Régis Labeaume disparaîtr­a pour les prochains mois. Il a déjà réservé son séjour sous le soleil, où il espère se reposer. Lecteur insatiable, il a déjà entamé Churchill, le dictionnai­re, qui revient sur les grands moments de la vie de cet homme politique. « J’en ai une série d’autres chez moi », dit-il avec le sourire.

Il a reçu des offres de biographie, d’écriture aussi, mais rien qui l’intéresse pour le moment. Il n’a pas changé d’idée cependant : sa carrière politique est terminée.

Pourrait-il devenir commentate­ur ? « On va voir. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Je vais peutêtre aimer ça, devenir un fainéant », blague-t-il avant de se raviser rapidement. « C’est sûr que je n’arrêterai pas de travailler. »

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« Je veux vraiment changer de vie. »

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