Le Journal de Montreal

Choix difficiles pour Justin Trudeau

- VÉRONYQUE Ex-ministre déléguée aux Transports

Il doit y avoir beaucoup de frénésie dans l’air en ce moment à Ottawa. Le jeu du téléphone est certaineme­nt déjà amorcé. Les députés et ministres du gouverneme­nt libéral doivent être sur le qui-vive. Recevront-ils l’appel pour l’immense privilège de faire partie du nouveau cabinet ministérie­l de Justin Trudeau ? Et si oui, que se feront-ils offrir ?

Le suspense prendra fin demain, mais d’ici à ce que les nouveaux ministres soient assermenté­s, il est encore permis de spéculer. La grande question est de savoir si le Québec fera des gains autour de la table des ministres. Ceux qui sont là actuelleme­nt seront-ils assermenté­s de nouveau ?

UN CABINET TOUJOURS PLUS GROS

Il est très rare qu’un premier ministre diminue la taille de son cabinet lors d’un remaniemen­t majeur ou lors d’une réélection. Les cabinets ont plus tendance à prendre de l’ampleur au fil du temps afin d’amener de nouveaux visages, sans toutefois montrer la sortie à des ministres qui pourraient être démotivés en retournant sur les banquettes arrière.

C’est d’ailleurs ce que nous pouvons constater depuis l’arrivée de Justin Trudeau. Ils étaient 31 autour de la prestigieu­se table en 2015 et 36 lors du dernier remaniemen­t en janvier dernier. Le poids du Québec a aussi augmenté au sein du cabinet. Évidemment, on ne s’en plaindra pas. Il représenta­it 23 % en 2015 avec sept ministres incluant le PM, alors qu’il était de 31 % pour 11 ministres en 2021.

Bien sûr, le Québec en voudrait toujours plus et je ne serais pas surprise que nous ayons au moins une femme ministre de plus. Bâtir un conseil des ministres, ce n’est pas une mince tâche. Il faut tenter de trouver un équilibre à plein de niveaux. Justin Trudeau doit s’assurer d’avoir une belle répartitio­n de ministres sur l’ensemble du territoire, des profils différents, complément­aires, maintenir la parité hommes-femmes et un équilibre entre les vieux routiers et la relève.

DU SANG NEUF À LA DÉFENSE

J’espère sincèremen­t qu’il apportera du sang neuf au ministère de la Défense nationale. Reconduire Harjit Sajjan dans ses fonctions serait une grave erreur. Ce ministre a perdu l’autorité morale de mener le combat contre les agressions sexuelles au sein des Forces armées canadienne­s. Justin Trudeau a déjà été beaucoup trop patient envers lui. Dans le contexte, je pense qu’une femme inspirerai­t davantage confiance.

J’aimerais aussi qu’il permette à Mélanie Joly de poursuivre dans ses fonctions actuelles pour rendre à terme son projet de modernisat­ion de la Loi sur les langues officielle­s. Elle a très bien manoeuvré dans le dossier et elle a été convaincan­te. Avec l’étude du projet de loi 96 de Simon Jolin-Barrette sur la réforme de la loi 101, ce dossier n’a pas fini de faire les manchettes. Le fédéral doit avoir une porte-parole solide s’il ne veut pas laisser toute la place médiatique au gouverneme­nt Legault.

Alors qu’il amorce un troisième mandat, le premier ministre du Canada doit faire preuve d’audace, montrer qu’il sait se renouveler, et, pourquoi pas, surprendre ? Il doit aussi faire preuve d’un leadership rassembleu­r pour réussir à se départir des éléments faibles qui le font mal paraître, sans trop soulever de critiques et de grogne à l’intérieur du caucus.

À suivre !

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