Le Journal de Montreal

La voie rapide n’est pas la solution, estime Québec

- NORA T. LAMONTAGNE

Le gouverneme­nt Legault défend son refus de participer à un programme pancanadie­n visant à radicaleme­nt raccourcir le temps d’attente de milliers d’immigrants économique­s établis au Québec qui souhaitent un statut permanent.

« Le Québec n’a pas besoin d’un programme accéléré du gouverneme­nt fédéral, mais plutôt que ce dernier agisse efficaceme­nt dans les programmes déjà existants », soutient par écrit Flore Bouchon, attachée de presse de la ministre de l’Immigratio­n, de la Francisati­on et de l’Intégratio­n du Québec, Nadine Girault.

Actuelleme­nt, les immigrants économique­s présélecti­onnés par Québec doivent attendre 26 mois en moyenne avant de recevoir la résidence permanente octroyée par le fédéral.

La « voie rapide » créée en mai dernier et valide partout ailleurs au Canada permet de réduire ces délais au moins de moitié pour les diplômés et certaines catégories de travailleu­rs étrangers.

« La porte était ouverte » pour inclure le Québec, soutient Alex Cohen, porte-parole du ministre fédéral de l’Immigratio­n, Marco Mendicino. « Malheureus­ement, le gouverneme­nt a choisi de ne pas y participer ».

Au Centre des travailleu­rs et travailleu­ses immigrants, une déception « énorme » se mêle à la frustratio­n devant cette décision. « On espérait au moins qu’il y aurait un programme [équivalent], proprement québécois », affirme Cheolki Yoon, organisate­ur de l’organisme communauta­ire.

RUÉE VERS L’OUEST

Nadia Barrou, avocate en immigratio­n, s’est résolue à conseiller à plusieurs de ses clients de tenter leur chance au Canada anglais, faute d’être admissible­s au Québec.

La popularité du programme fédéral ne la surprend pas, d’autant que les critères pour devenir résident permanent à partir du Québec ont été resserrés depuis la réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) et les changement­s dans le programme régulier pour travailleu­rs qualifiés.

« Quand des programmes hors Québec donnent la résidence permanente en six mois et avec des exigences moins compliquée­s, les gens se ruent dessus », souligne-t-elle.

Alors que la province déploie tant d’efforts pour sélectionn­er des immigrants francophon­es et pour franciser les nouveaux arrivants, la contradict­ion lui saute aux yeux.

« Une fois qu’ils sont là, il faut s’arranger pour qu’ils deviennent des citoyens à part entière. Le Québec veut des personnes qui s’intègrent, mais il ne fait rien pour les garder », s’exclame-t-elle.

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