Le Journal de Montreal

Du cidre d’ici vendu au Japon

La cidrerie Michel Jodoin a réussi ce coup de force en saisissant une balle au bond

- JULIEN MCEVOY Le Journal de Montréal

Le cidre du Québec est de plus en plus bu ici et, grâce à un coup de chance d’un entreprene­ur local, il l’est maintenant aussi au Japon, une première pour l’industrie.

« Le cidre, c’est le next big thing », disait le président de l’Associatio­n des Producteur­s de cidre du Québec, Marc-Antoine Lasnier, en juin 2020.

Ce qui fait penser au fameux « Think Big » d’Elvis Gratton. Mais si le personnage créé par Pierre Falardeau parlait des États-Unis, Michel Jodoin, qui produit du cidre depuis 1988, à Rougemont, en Montérégie, pourrait bientôt traduire la phrase en japonais.

Au cours des prochains jours, un conteneur rempli de ses bouteilles de cidre quittera le port de Montréal pour celui de Tokyo, au Japon.

C’est à la suite d’une série de coups de chance que la transactio­n s’est conclue.

Au printemps dernier, le Consul général du Japon à Montréal a été invité à visiter Rougemont pendant la période de floraison des 500 000 pommiers qu’on y trouve. C’était un clin d’oeil à la très courue période du hanami au Japon, quand les cerisiers sont en fleurs.

Le consul, venu avec sa femme et son fils, a tellement aimé sa visite – et la dégustatio­n de cidre qui a suivi – qu’une autre délégation de Japonais a fait le voyage depuis Montréal une semaine plus tard.

« C’est là que je me suis dit que c’était ma chance », raconte Michel Jodoin, patron de la cidrerie du même nom.

Il a demandé à ses invités s’ils n’avaient pas un bon contact pour la distributi­on de cidre au Japon. Non seulement ils ont dit oui, mais ils ont été d’une grande rapidité.

En quelques jours, l’affaire était réglée et une première cargaison – qui tient sur une palette – était en direction du Wine Styles, boutique de vins de Marie Tanaka, au Japon.

« On est pas mal fiers d’être là-bas. C’est une belle histoire », dit le producteur, qui exporte déjà ses produits en France, notamment.

RÊVER GRAND

Si ses produits sont déjà en vente à Tokyo, ils seront bientôt beaucoup plus nombreux. Le conteneur qui devrait partir de Montréal d’ici le début novembre représente la plus grosse vente destinée à l’exportatio­n des 120 ans d’histoire de l’entreprise.

Il a fallu adapter le produit à la culture japonaise aussi rapidement que la vente s’est conclue.

« Ils sont tombés en amour avec l’habillage de nos bouteilles en aluminium, mais on a quand même dû traduire quelques mots », rigole M. Jodoin.

L’entreprise offrira trois cidres à 6,4 % d’alcool aux Japonais : le pétillant aux agrumes, le pétillant blanc et le pétillant rosé.

La suite des choses là-bas est entre les mains de Marie Tanaka, de la boutique Wine Styles. C’est elle qui va s’occuper du développem­ent et de la distributi­on au Japon.

« Je suis confiant qu’on puisse aller plus loin dans ce pays au cours des prochains mois et des prochaines années », rêve l’entreprene­ur.

Le Québécois moyen boit 0,4 L de cidre par année, contre 2,4 L pour le Canadien moyen et 12,2 L pour le Britanniqu­e moyen. Le Québec compte 115 producteur­s de cidre. Les ventes ont bondi de 19%de2018à201­9.

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PHOTO COURTOISIE ET TIRÉE DE FACEBOOK La commerçant­e Marie Tanaka est la première à vendre du cidre québécois au Japon, dans sa boutique de la capitale du pays, Tokyo.

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