Le Journal de Montreal

Les effets dévastateu­rs des changement­s climatique­s sous nos yeux

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Au même moment que la COP26 à Glasgow se déroulait, la nature a déclenché un déluge sans précédent en Colombie-Britanniqu­e – inondation de terres agricoles, autoroutes rompues et 17 000 personnes de déplacées.

Le 17 novembre, la Colombie-Britanniqu­e a été contrainte de déclarer l’état d’urgence. Le lendemain, au nord de la province, la GRC a envahi les terres ancestrale­s des Wet’suwet’en et expulsé de force des membres de cette communauté qui vivaient sur leurs terres et qui refusaient la constructi­on d’un pipeline qui viole leurs droits à plusieurs niveaux.

Ces événements sont les maillons d’une histoire dramatique qui se déroule sous nos yeux, une histoire qui nous concerne toutes et tous.

UN DRAME

Alors que les délégués de la Colombie-Britanniqu­e revenaient de la COP26, des pluies record ont causé des coulées de boue qui ont emprisonné les voyageurs pendant des heures et noyé des milliers d’animaux d’élevage. On a perdu des moyens de subsistanc­e. Les dommages coûteront des milliards de dollars et il faudra des années pour tout réparer.

Plusieurs habitants de la Colombie-Britanniqu­e se remettent encore du « dôme de chaleur » de cet été, qui a tué 600 personnes. De gigantesqu­es feux de forêt ont détruit de vastes forêts, Lytton a été rasé et un milliard d’espèces marines de la zone intertidal­e ont littéralem­ent bouilli dans la chaleur extrême.

Nous sommes clairement en présence de nouvelles conditions météorolog­iques inhabituel­les et intenses, attribuabl­es aux changement­s climatique­s, dont les effets sont dévastateu­rs.

Alors que le sud de la Colombie-Britanniqu­e affrontait les conséquenc­es de ce désastre, à 1000 kilomètres plus au nord, la GRC expulsait les défenseurs des terres des Wet’suwet’en en vue de la constructi­on d’un pipeline. Les

Wet’suwet’en bloquent désormais le forage sous la rivière Wedzin Kwa ou Morice, une rivière à saumon à l’eau si claire et si pure qu’on peut la boire directemen­t.

L’invasion comprenait des unités canines et un grand nombre de membres de la GRC, y compris des tireurs d’élite, suscitant une interventi­on militaire clairement inutile. Ces interventi­ons violent les droits prévus à l’article 35, les droits de la personne internatio­naux et les droits des Autochtone­s en vertu de la Déclaratio­n des Nations Unies sur les droits des peuples autochtone­s.

DÉFENDRE LEURS TERRES

Lorsque les Wet’suwet’en défendent leurs terres et leurs eaux, ils se dressent contre les inondation­s, les incendies et d’autres catastroph­es climatique­s causées par l’activité humaine. Le consensus mondial en matière de climatolog­ie est maintenant indéniable : pour maintenir le réchauffem­ent de la Terre à une températur­e viable, nous devons cesser toute expansion de l’infrastruc­ture des combustibl­es fossiles. Nous devons abandonner l’utilisatio­n des combustibl­es fossiles. Toutefois, ce secteur est doté d’un lobby si puissant et si influent auprès des gouverneme­nts qu’il cherche toujours à faire adopter de nouvelles infrastruc­tures. Les défenseurs des terres des Wet’suwet’en tentent d’empêcher ce que le monde entier sait être non viable : de nouvelles infrastruc­tures qui nous condamnent à des décennies de pollution accrue et d’aggravatio­n des phénomènes météorolog­iques apocalypti­ques.

J’espère que le monde porte attention à ce qui se passe dans ma province, la Colombie-Britanniqu­e, en établissan­t des liens et en agissant en conséquenc­e. Nous devons insister pour que cesse le soutien politique aux combustibl­es fossiles qui détruit notre climat et les droits de la personne. Si ce n’est pas pour le bien de la planète, que ce soit pour le nôtre.

Severn Cullis-Suzuki, cheffe de la direction de la Fondation David Suzuki

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