Le mauvais procès
Il est de bon ton de demander une commission d’enquête publique sur le drame dans les CHSLD.
Tout le monde semble croire à sa pertinence. Permettez-moi la dissidence.
Cette enquête publique permettrait de lever le voile sur le drame des CHSLD et de décortiquer la faillite d’un système, une bonne chose en soi.
Or, le problème n’est pas la nature de l’enquête, le problème est que le voile est déjà levé. Les incuries du système, on les connaît déjà. Les problèmes, aussi.
Rappelons-les : une vision hospitalo-centrée dévalorisant tout ce qui lui est étranger – en premier lieu les CHSLD –, une pénurie de personnel et un ministère incapable d’avoir l’heure juste sur ses propres établissements.
DES RAPPORTS, EN V’LÀ
On connaît les problèmes, car ils ont déjà été étudiés. Et ils continuent de l’être.
Pas moins de quatre enquêtes décortiquent ledit système. La protectrice du citoyen, la commissaire à la santé, la coroner et la vérificatrice générale ont produit ou produiront des rapports.
Une enquête publique serait une cinquième manière de se pencher sur la crise.
Une surenchère de rapports débouchera en définitive sur encore plus de confusion, et sur encore moins de redditions de comptes.
DUPERIE
En choeur, les partis d’opposition réclament une enquête publique.
Ils rêvent d’un François Legault au banc des accusés, obligé de répondre à d’épineuses questions.
À les écouter, on a parfois l’impression que ce n’est pas tant une enquête qu’ils veulent, mais plutôt un procès du gouvernement en place qui risque de perdurer jusqu’à l’élection d’octobre prochain.
Qu’on me comprenne bien : c’est une catastrophe humaine qui s’est déroulée dans les CHSLD. La CAQ en porte la responsabilité.
Mais peu importe, on n’est pas face à un système de corruption ou de nomination de juges dont une enquête permettrait de comprendre l’étendue des machinations. On sait où le gouvernement a échoué.
Voilà pourquoi je crois qu’une nouvelle ronde d’introspection collective n’est pas une nécessité.