Le Journal de Montreal

Les plastiques ne sont pas toxiques, selon l’industrie

- MARC-ANDRÉ SABOURIN Bureau d’enquête

Les producteur­s de plastique ne s’estiment pas responsabl­es de la forte présence de microplast­iques et de leurs produits chimiques dans le fleuve Saint-Laurent.

« C’est la gestion des déchets de plastique qui est le problème », affirme une porte-parole de l’industrie.

« Les plastiques ne sont pas toxiques », dit Elena Mantagaris, vice-présidente de la division des plastiques à l’Associatio­n canadienne de l’industrie de la chimie (ACIC), un important lobby qui représente 75 fabricants de plastique canadiens, dont Dupont et Dow Chemical Canada.

La porte-parole souligne aussi que les effets des microplast­iques sur la santé humaine ne sont pas démontrés, et que l’industrie suit les règles gouverneme­ntales pour ce qui est de l’utilisatio­n des produits chimiques.

RECYCLER À 100 %

Malgré tout, elle estime « qu’il faut éliminer les plastiques de l’environnem­ent pour les garder dans l’économie ».

Selon l’ACIC, la solution passe par la mise sur pied d’une « économie circulaire ». Les déchets de plastiques seraient ainsi recyclés pour devenir la matière première de l’industrie au lieu d’être enfouis ou perdus dans la nature. L’ACIC s’est donné l’objectif que 100 % des plastiques soient « recyclable­s » d’ici 2030, et « recyclés » d’ici 2040, dit Mme Mantagaris.

GRANULES

Selon plusieurs experts consultés par notre Bureau d’enquête, les microplast­iques peuvent être émis bien avant qu’un produit en plastique ne soit jeté.

Geneviève D’Avignon, une doctorante de l’Université McGill qui étudie les microplast­iques, donne l’exemple d’un chandail fait en polyester. Lorsqu’on le porte ou le lave, il va « produire de petites fibres qui vont se briser et se retrouver dans l’environnem­ent. »

Dans certains cas, les microplast­iques trouvés dans l’environnem­ent viennent des producteur­s de plastique eux-mêmes.

C’est le cas des granules de plastique, qui sont normalemen­t fondus pour fabriquer des objets en plastique. Ces granules, petits et légers, se perdent régulièrem­ent lors de leur transport. En 2020, 13 % des microplast­iques retrouvés par des chercheurs dans les eaux du port de Toronto étaient des granules.

Ils demeurent très présents dans les cours d’eau, dont les Grands Lacs.

« C’est clair qu’il faut améliorer nos pratiques », admet Mme Mantagaris.

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ELENA MANTAGARIS Porte-parole de l’industrie

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