Les plastiques ne sont pas toxiques, selon l’industrie
Les producteurs de plastique ne s’estiment pas responsables de la forte présence de microplastiques et de leurs produits chimiques dans le fleuve Saint-Laurent.
« C’est la gestion des déchets de plastique qui est le problème », affirme une porte-parole de l’industrie.
« Les plastiques ne sont pas toxiques », dit Elena Mantagaris, vice-présidente de la division des plastiques à l’Association canadienne de l’industrie de la chimie (ACIC), un important lobby qui représente 75 fabricants de plastique canadiens, dont Dupont et Dow Chemical Canada.
La porte-parole souligne aussi que les effets des microplastiques sur la santé humaine ne sont pas démontrés, et que l’industrie suit les règles gouvernementales pour ce qui est de l’utilisation des produits chimiques.
RECYCLER À 100 %
Malgré tout, elle estime « qu’il faut éliminer les plastiques de l’environnement pour les garder dans l’économie ».
Selon l’ACIC, la solution passe par la mise sur pied d’une « économie circulaire ». Les déchets de plastiques seraient ainsi recyclés pour devenir la matière première de l’industrie au lieu d’être enfouis ou perdus dans la nature. L’ACIC s’est donné l’objectif que 100 % des plastiques soient « recyclables » d’ici 2030, et « recyclés » d’ici 2040, dit Mme Mantagaris.
GRANULES
Selon plusieurs experts consultés par notre Bureau d’enquête, les microplastiques peuvent être émis bien avant qu’un produit en plastique ne soit jeté.
Geneviève D’Avignon, une doctorante de l’Université McGill qui étudie les microplastiques, donne l’exemple d’un chandail fait en polyester. Lorsqu’on le porte ou le lave, il va « produire de petites fibres qui vont se briser et se retrouver dans l’environnement. »
Dans certains cas, les microplastiques trouvés dans l’environnement viennent des producteurs de plastique eux-mêmes.
C’est le cas des granules de plastique, qui sont normalement fondus pour fabriquer des objets en plastique. Ces granules, petits et légers, se perdent régulièrement lors de leur transport. En 2020, 13 % des microplastiques retrouvés par des chercheurs dans les eaux du port de Toronto étaient des granules.
Ils demeurent très présents dans les cours d’eau, dont les Grands Lacs.
« C’est clair qu’il faut améliorer nos pratiques », admet Mme Mantagaris.