Le Journal de Montreal

40 incidents mais juste deux sanctions pour la cimenterie

Le plus gros pollueur du Québec n’a payé que 5000 $ pour ses manquement­s

- ANNABELLE BLAIS Bureau d’enquête

Malgré une quarantain­e d’incidents environnem­entaux ces dernières années, Ciment McInnis est très peu sanctionné par le ministère de l’Environnem­ent.

Depuis 2014, le plus gros pollueur du Québec n’a reçu que 5000 $ d’amende et une dizaine d’avis de non-conformité (voir lexique ci-contre).

Notre Bureau d’enquête a pu colliger ces données grâce aux rapports d’inspection et aux signalemen­ts effectués à Urgence-Environnem­ent, rapports qui proviennen­t très souvent de l’entreprise et que nous avons obtenus grâce à une demande d’accès à l’informatio­n.

Plusieurs incidents sont des déversemen­ts, que ce soit de coke de pétrole, de glycol, de poussière de ciment, d’ammoniac, de diesel ou d’huile hydrauliqu­e. On note aussi une fuite de gaz dans l’atmosphère et deux dépassemen­ts des normes de bruit lors d’un dynamitage.

« La Loi sur la qualité de l’environnem­ent impose la déclaratio­n de tout déversemen­t, quelle que soit sa nature ou son ampleur […] y compris pour les événements mineurs n’ayant pas d’incidence significat­ive sur l’exploitati­on ou la sécurité », précise la porteparol­e de la cimenterie, Maryse Tremblay.

AVIS DE NON-CONFORMITÉ

Sur la dizaine d’avis de non-conformité qu’a reçus Ciment McInnis depuis le début de la constructi­on de l’usine en 2014, le ministère n’a mis sa menace à exécution que deux fois.

La première était en 2015, pour des déversemen­ts d’eaux brunes dans le lac McInnis, notamment lors de la constructi­on du site. La deuxième a été remise en septembre 2019 pour le dépassemen­t des normes de matières en suspension des bassins de sédimentat­ion. Le ministère n’en avait pas été avisé. Dans les deux cas, la cimenterie a reçu une sanction de 2500 $.

L’entreprise a aussi reçu un avis de non-conformité pour ne pas s’être inscrite au marché du carbone à temps.

INSCRITE EN RETARD

« Malgré les communicat­ions envoyées, Ciment McInnis n’est toujours pas inscrit » en date du 11 septembre 2021, indique un rapport de vérificati­on. La cimenterie risquait jusqu’à 10 000 $ d’amende. L’inscriptio­n a été complétée quelques jours plus tard, selon Mme Tremblay.

Questionné à savoir si le ministère en fait assez pour faire respecter les lois environnem­entales, le ministre de l’Environnem­ent Benoit Charette assure que « tous les outils sont déployés pour y parvenir », explique-t-il avant de rappeler que « la Cimenterie McInnis est à ses premières années de mise en service ».

Il dit suivre le dossier de très près.

Si vous avez de l’informatio­n concernant la cimenterie, contactez notre journalist­e annabelle.blais@quebecorme­dia.com

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ET COURTOISIE, MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEM­ENT ?? Une quarantain­e d’incidents environnem­entaux ont été signalés à la cimenterie McCinnis depuis 2014. L’usine a installé des balles de foin pour filtrer les matières en suspension qui se déversaien­t dans le lac McInnis lors de fortes pluies (en mortaise).
PHOTOS D’ARCHIVES ET COURTOISIE, MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEM­ENT Une quarantain­e d’incidents environnem­entaux ont été signalés à la cimenterie McCinnis depuis 2014. L’usine a installé des balles de foin pour filtrer les matières en suspension qui se déversaien­t dans le lac McInnis lors de fortes pluies (en mortaise).
 ?? ?? BENOIT CHARETTE Ministre
BENOIT CHARETTE Ministre

Newspapers in French

Newspapers from Canada